Paris a écarté toute idée de négociation avec les ravisseurs. Beaucoup de zones d'ombre entourent l'opération militaire française au Mali. Une première dans le Sahel. Aux dernières nouvelles, le ministère français des Affaires étrangères a souligné, hier, «n'avoir jamais reçu de demandes précises des ravisseurs de l'otage français, Michel Germaneau». Cela explique peut être l'impossible réédition du scénario Pierre Camatte, libéré le mois de février dernier suite aux pressions françaises sur l'Etat malien. Lequel otage a été échangé contre la libération de quatre terroristes d'Aqmi. L'hypothèse de tractations et négociations occultes s'avère écartée du fait qu'aucune nouvelle n'était parvenue, hier à Paris, sur le sort de l'otage, à la veille de l'expiration de l'ultimatum fixé par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Cependant, qui a mis les services de renseignements français sur une mauvaise piste? L'opération menée en dernier ressort, soit à trois jours de l'expiration de l'ultimatum, pourrait aussi s'expliquer par l'échec des négociations. Donné pour mort par certaines sources, son sort s'il est encore en vie est non seulement incertain, mais suscite une vive inquiétude. «Il y avait un espoir que Michel Germaneau soit dans ce camp. Quand on est arrivé, il n'y était pas. On ne sait toujours pas où il est», a indiqué la source au ministère de Défense français. Avant-hier, des sources française et mauritanienne ont indiqué que les opérations de traque des activistes islamistes en territoire malien, en cours depuis quatre jours, avaient pris fin. Toutefois, les opérations militaires lancées au Mali par la France et la Mauritanie sont une aubaine inespérée, toute au bénéfice d'Al Qaîda, affirment quelques observateurs. La fin des opérations soldées par un échec cuisant a suscité l'inquiétude grandissante en France et une tension régionale sans précédent au Sahel. Le pire redouté hier, subsiste toujours sur l'otage français de 78 ans, Michel Germaneau, détenu dans le désert malien par le groupe d'Abou Zeid qui menace de l'exécuter au plus tard demain à minuit. L'expiration de l'ultimatum lancé par Aqmi interviendra après l'échec d'un raid mené dans une région à cheval entre le Mali, la Mauritanie et l'Algérie. Aucune preuve de vie de l'otage n'a été donnée jusqu'ici. Les derniers développements vont certainement avoir des répercussions. Ça va peut-être faire monter les enchères, du côté des ravisseurs. Le scénario de l'été dernier pourra aussi se reproduire. En août dernier, le même groupe ravisseur avait exécuté l'otage britannique, Edwin Dyer, enlevé six mois auparavant. Londres avait alors refusé de céder aux exigences d'Aqmi, qui réclamait des Britanniques de faire libérer plusieurs de ses activistes détenus dans des pays du Sahel. Ces mêmes exigences ont été formulées en contrepartie de la libération de l'otage français. L'incertitude continue à peser sur son sort, mais aussi sur celui de deux autres otages espagnols enlevés il y a plus de sept mois, Albert Vilalta, 35 ans, et Roque Pascual, 50 ans. Selon le quotidien El Mundo, Madrid a exprimé son désaccord aux autorités françaises sur ce raid. «Depuis l'enlèvement de notre compatriote, les ravisseurs, en dépit des efforts des autorités françaises, ont refusé tout dialogue et n'ont formulé aucune revendication précise», a affimé encore hier, le ministère français des Affaires étrangères. Les ravisseurs de M.Germaneau avaient diffusé le 14 mai une vidéo où il paraissait très fatigué, ainsi qu'un appel à l'aide de l'otage, au président français Nicolas Sarkozy.