Chargé par le président français d'effectuer une tournée dans les pays du Sahel, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de l'Hexagone, n'a pas inclus l'Algérie dans le cadre de cette mission. Pourtant, dans le sillage de la lutte antiterroriste dans la région du Sahel, les responsables français n'en savent que trop bien que notre pays occupe le rôle de pivot, et ce, pour au moins deux raisons valables. La première tient au fait que les trois pays inscrits au programme de la visite de Kouchner, à savoir le Niger, le Mali et la Mauritanie, font front uni avec l'Algérie dans le domaine d'une coopération étroite visant une lutte plus efficiente contre le terrorisme sévissant dans la région du Sahel. Mieux, la coopération dont il est question a été mise en place grâce aux efforts consentis par les responsables algériens qui n'ont ménagé aucun effort pour réunir autour de la même table de discussion les représentants des pays du Sahel dans l'objectif d'une sécurisation plus optimale de la région. Souvenons-nous, la rencontre en mars à Alger des sept ministres des Affaires étrangères consacrée exclusivement au dossier de la sécurité dans la région du Sahel. La tenue de cette réunion et les conclusions à laquelle elle a abouti ont suscité des réactions positives autant de la part de la France que des Etats-Unis. Des conclusions qui n'ont pas tardé d'ailleurs a être mises en exécution comme en témoigne à juste titre la création du comité d'état-major opérationnel conjoint, installé le 21 avril à Tamanrasset, dans le sud algérien, et qui est composé de responsables militaires issus des pays du Sahel dont l'Algérie bien sûr. La seconde raison pour laquelle il est loisible d'affirmer que pour sa tournée du Sahel, le ministre français des Affaires étrangères a bel et bien tort d'éviter l'Algérie, met de l'avant l'expérience acquise par notre pays dans la lutte contre le terrorisme reconnue et approuvée à juste titre par les puissants de ce monde, les USA en premier. Cela dit, si le ministre français des Affaires étrangères n'a pas inclus l'Algérie dans le cadre de son déplacement dans les pays du Sahel, cela s'explique, selon nombre d'observateurs, par les déclarations faites dans un passé récent par ce même responsable au sujet des relations bilatérales entre l'Algérie et la France. Bernard Kouchner avait en effet conditionné la normalisation des relations entre les deux pays par «la mort de la génération de Novembre qui est au pouvoir en Algérie». De telles déclarations attestant d'une mesquinerie caractérisée ont bien évidemment provoqué le courroux des responsables algériens. Du coup, Bernard Kouchner a vite su qu'il n'est pas le bienvenu en Algérie pour longtemps. Sarkozy remis en cause par son Premier ministre Il va sans dire en outre que le déplacement du ministre français des Affaires étrangères au Niger, en Mauritanie et au Mali obéit à l'idée d'un meilleur renforcement des mesures de sécurité au profit des ressortissants de son pays s'aventurant dans la région du Sahel. La tournée du ministre français des Affaires étrangères fait suite à l'assassinat par les sanguinaires d'Al Qaïda de l'humanitaire Michel Germaneau. Au sujet de ce dernier, le président français Nicolas Sarkozy avait déclaré que sa mort ne restera pas impunie, laissant entendre par là que l'Etat français allait entamer une action de vengeance à l'encontre de l'organisation d'Al Qaïda. Cependant, les propos tenus par Sarkozy ont été vite remis en cause par son Premier ministre, François Fillon, qui a déclaré hier sur les ondes d'Europe 1 que «la France ne pratique pas la vengeance», tout en mettant l'accent sur le fait que la lutte contre l'organisation Al Qaïda «va se renforcer davantage».