Tous les matins, avant 7 h, la troisième chaîne de télévision nous offre de bons moments de musique algérienne. Il y a quelques jours, on a vu passer Abdelmadjid Meskoud et hier, c'était au tour de Smaïl Hakem de nous offrir de belles chansons hawzi notamment Sid Ettaleb. Mis à part les belles paroles, la musique douce et la maîtrise d'un professionnel qui a passé une partie de sa vie à diriger l'association Errachidia de Cherchell, on ne peut écouter ce chanteur sans voir en arrière-plan, l'image du plus doué des maîtres andalous de ces six dernières décennies Dahmane Benachour. Bien que maîtrisant toutes les techniques de la musique et du chant, Smaïl Hakem n'a pu ou peut-être pas essayé de se détacher de son maître et surtout de sa voix. On l'a toujours dit et les doyens de la chanson ont toujours répété qu'il est autorisé à un jeune d'imiter son maître, mais il faut qu'il trouve ses propres voie et voix. Smaïl Hakem qui a pourtant une certaine finesse chante, en effet, avec la voix de Dahmane Benachour. Cela aurait pu se faire lors d'un hommage au maître mais pas tout le temps. Hakem n'est pas le seul à tomber dans ce piège puisqu'il y a pis encore. Hasnaoui Amechtouh a préféré carrément s'effacer durant toute sa carrière derrière la voix, le personnage et la personnalité de l'irremplaçable Cheikh Hasnaoui. En Algérie, on a vu des dizaines de faux Guerrouabi et de faux El Anka comme il y a eu à une certaine période de faux Abdelhalim Hafedh. Copier ou tenter de remplacer une star ne peut jamais donner un bon résultat et certains l'ont compris à temps. C'est le cas de H'sicen Saâdi qui avait exactement la voix de son maître El Anka avant de trouver son propre style et sa propre voix. Il faut dire également que ce double artiste, peintre et chanteur, aurait pu suivre une excellente carrière d'imitateur puisqu'il peut reprendre les voix de tous les chanteurs et même les chanteuses. H'sicen Saâdi qui pouvait continuer à imiter la voix de son maître El Anka a préféré créer et chanter à sa manière. Chaou a également commencé par imiter le chanteur H'sen Saïd, mais il a percé en découvrant ses propres dons. La meilleure des leçons est donnée par El Hadi, le fils d'El Anka qui n'a jamais tenté d'imiter son père, car il a bien suivi ses conseils.