Après avoir vibré au rythme de la musique chaâbie, andalouse, hawzie, kabyle ou encore à celui de la variété avec des noms comme Seloua, cheikh Hadj El Ghaffour ou encore Meskoud, avant-hier c'était au tour d'un enfant terrible, venu des rives de l'oued de la Mekkerra, le fils du pop de Sidi Bel Abbès, patrie du « Fen oua raï », le grand guitariste du groupe Raïna Raï, Lotfi Attar en l'occurrence, d'illuminer les nuits étoilées du Ramadhan organisées par la Radio nationale, à l'auditorium du centre culturel Aïssa Messaoudi. Et ce, dans un amphithéâtre bondé de plus de 500 personnes, tout ouïe et accros du raï'n'roll de Lotfi Attar. Entouré de « vieux » briscards de Raïna Raï, le chanteur Djillali « Amarna », Dahmane Dendène, le saxophoniste, ainsi que de jeunes recrues venues spécialement de Hollande et de France pour ce concert, sans oublier bien sûr le précieux concours du claviériste Amine Dehane, la force (de frappe) tranquille étrennera la soirée en guise d'intro et de bienvenue, par le pacifique et paisible Salam âlikoum, dont Raïna Raï est l'auteur initial et qui sera repris par d'autres groupes. Et puis, les hôtes de Sidi Bel Abbès offriront Z'ghaïda Diri Latay, une invitation digeste et digestive d'un thé à la menthe et à l'ambre sur une direction orchestrale mâtinant son extatique de Sidi B'lal (algérien) et non pas gnawi (marocain), plage jazzy signée Amine Dehane et solo slide du bassiste et du raï électro, la marque de fabrique de Lotfi Attar. Aussitôt, le public sortira de sa torpeur en battant la mesure et en dansant sur Maândi Z'har, une ballade raï et « rock dialna ». L'électricité est dans l'air et...la chanson ! La bande à Lotfi embrayera par la suite avec Oued Chouli, dont le texte est issu du terroir et ponctué des zéphyr, respiration et expiration de la guitare Les Paul de Lotfi et d'une note bleue finale : un Solid rock, Khalouni Nebki Aâla Rayi du cheikh M'kalache (remember Amarna), un steady rock (reggae soft) sur un ton incantatoire et de Djillali. Ses tics et tocs et pas de deux ont fait sourire l'assistance. Hagda fut revisité de par un istikhbar orientalisant (1/4 de note). Destination rastafaraï ! Raïna Hak aura été un rappel pour définir leur musique électrique et énergique, Khalti Fatima, une biguine antillaise et un raï des îles. Mais, avec Djelloul inspiré de Hey Joe de Jimi Hendrix, son maître spirituel, Lotfi Attar fera hurler les Marshalls et exploser les enceintes en passant à la vitesse supérieure et même supersonique en exhibant l'ampleur de son brio et la grandeur d'un guitar hero, un héraut aux riffs démentiels d'un speed demon. Masralna fut un appel-réponse( un battle comme on dit dans la culture hip-hop) entre le jeune batteur(6/8) et Lotfi (4/4). Un exercice de style très difficile à exécuter. C'est dire la performance donné au public. Zina a été un finish en beauté ! Embrasement total de l'auditorium. Tout le monde quitte les sièges et se lève... pour Raïna Raï et pour s'éclater sur le fameux couplet : « Le raï est sorti de Sidi Bel Abbès... » Une autre infusion de thé où fusera la pédale wah wah. Mais en bon seigneur, Lotfi offrira un présent d'au revoir, l'instrumental Ladjoued, le fameux morceau alaoui de bravoure tout juste sorti de chez Ouled N'har et qui sera repris par L'ONB. A l'issue de ce concert, Lotfi se verra recevoir un superbe bouquet de fleurs par un autre fils du pays, l'homme de théâtre Benaïssa.