Alors que l'on s'attendait à une baisse sensible des prix des fruits et légumes de saison, voilà que le marché nous contredit. Et de quelle manière : certains légumes sont hors de prix, et les beaux fruits ne descendent pas en deçà de 120 DA le kg. Mais le plus inquiétant, c'est cette tendance haussière des prix des viandes. Les prix des légumes et fruits flambent à nouveau. Au marché de Chéraga, très fréquenté par les ménagères de la région ouest d'Alger pour la qualité des produits qui y sont vendus, on note une subite augmentation des prix, et ce, malgré la profusion des produits sur les étals. Ainsi, l'oignon est cédé entre 35 DA et 50 DA le kg, les carottes à 40 DA, l'aubergine à 30 DA le kg et la betterave à 60 DA. Les haricots à écosser se vendent entre 100 et 130 DA le kg, alors que les poivrons de qualité moyenne sont proposés à 60 DA le kg. La salade est à 50 DA le kg. «Les prix sont élevés et je n'arrive même pas à remplir mon couffin», nous indique une femme d'âge mûr. Pour Fatima, mère d'une famille de dix personnes, comme elle dit, «il n'y a que les gens riches qui vont remplir leurs couffins dans ce marché au mois du Ramadhan». Le Ramadhan, c'est la crainte de beaucoup de ces gens modestes qui redoutent une autre flambée des prix et une spéculation importante sur quelques produits de base, à l'image du citron et de l'ail qui ont connu des seuils historiques l'année dernière. Un marchand de fruits et légumes établi dans ce marché depuis plusieurs années nous indique que les dépenses des citoyens sont variables. Mais durant le Ramadhan, précise-t-il, «il y a des gens qui se permettent des achats quotidiens allant de 1200 DA à 2000 DA alors que d'autres achètent pour 200 à 300 DA». Dis-moi ce que tu achètes… Le marchand ajoute que les gens aisés achètent beaucoup de fruits, en particulier les dattes de qualité, les bananes, les pommes, les raisins et tout type de fruits exotiques d'importation. D'autres marchands nous apprennent que les fruits qui sont actuellement abordables vont connaître une augmentation durant les premiers jours du mois de Ramadhan. Ammi Saïd nous explique : «Les premiers jours, il y a une très forte demande de la part de la clientèle qui achète un peu de tout. Cette demande fait nécessairement augmenter les prix au niveau des marchés de gros.» En effet, ils veulent toujours bien fêter les premiers jours de «Sidna Ramadhan», et c'est pour cette raison qu'ils achètent beaucoup, nous dit un marchand de fruits dont le magasin est rempli de pastèques, de melons et de caisses de raisin Cardinal. Il nous dit que «les fruits vont coûter cher même s'il y a une grande production cette année». Chez ce commerçant, la pastèque est à 40 DA le kg, le raisin à 120 DA le kg et le melon à 100 DA le kg. Dans l'allée des bouchers et volaillers, les étals sont bien achalandés. Pour ce qui est des viandes blanches, le poulet est proposé à 290 DA le kg et l'escalope de dinde à 960 DA le kg ! La viande ovine de son côté est cédée à 850 DA kg, et la viande bovine «avec os» est vendue en général à 750 DA/kg. Le steak et les entrecôtes atteignent jusqu'à 1200 DA le kg. Les abats comme le foie et le cœur sont introuvables dans l'après-midi. «Il faut les commander la veille», nous dit Ahmed, un jeune boucher. Yacine, un autre boucher, nous indique que «les affaires marchent bien durant le Ramadhan car même les gens pauvres achètent de la viande». Il ajoute que les gens aisés peuvent se permettre 1 à 2 kg de viande par jour. «Les autres se contentent de 200 DA de viande hachée ou de 2 ou 3 côtelettes. Il nous précise que la plupart des gens préfèrent la viande blanche ou la viande congelée qui est moins cher. Les diouls font leur apparition Chez les épiciers et les marchands de produits laitiers frais, les magasins sont bien remplis. On trouve de tout, du fromage d'importation, des yaourts, du beurre et de la margarine, sans compter les bouteilles de boissons et de jus. Certaines boissons sont proposées entre 50 DA et 180 DA la bouteille, tout dépend de la marque. Certains jus d'importation coûtent entre 200 et 300 DA. Les diouls, ces feuilles légères de pâte nécessaires à la confection des boureks et autres m'hancha et cigares, ont refait leur apparition. A 50 DA la douzaine, elles s'arrachent très vite chez les jeunes marchands qui improvisent des étals le long des allées du marché. D'autres jeunes écoulent les herbes aromatiques et l'incontournable coriandre cédée à 10 DA le petit bouquet. Sans préjuger de ce que seront les prix durant le mois de Ramadhan, le coût actuel des produits alimentaires servant de base à la confection d'un f'tour familial donne beaucoup à réfléchir. «Au bas mot, il faut débourser entre 1200 et 2000 DA pour un repas correct», nous dit une ménagère rencontrée sur les lieux.