Le budget de la famille faisant l'objet d'une énorme pression du fait des dépenses sans limites effectuées depuis le début de l'été, il est temps de le rationaliser pour pouvoir passer un Ramadhan à l'abri du besoin. Cependant, la majorité des personnes interrogées estiment que cela est loin d'être possible vu le revenu faible de la majorité des familles biskries généralement composées de 6 à 10 membres chacune et pour laquelle il n'est toujours pas facile de joindre les deux bouts lors du mois de Ramadhan qui avance à pas de géant. Face à cette difficulté, «nombre de chefs de famille se trouvent dans l'obligation de recourir à l'alternative de l'endettement afin de survivre le long de l'occasion religieuse». C'est la déclaration même d'un responsable local à laquelle vient s'ajouter le témoignage d'une femme âgée responsable d'une famille nombreuse. «Après la fête de mariage de mon fils, laquelle m'a coûté très cher, je me vois du coup et contre mon gré obligée de solliciter mes proches et mes connaissances pour un emprunt d'au moins 3 millions de centimes sans lesquels je ne pourrais subvenir aux besoins d'une famille constituée de 13 personnes», se plaindra-t-elle tout en s'interrogeant : «Comment rembourser cet argent, sachant que je perçois une pension dérisoire et que j'ai tout dépensé pour le mariage de mon fils ?» Notre interlocutrice n'a pas tort dans son témoignage, surtout qu'on sait que juste après Ramadhan, elle sera aussi confrontée à d'autres dépenses plus fortes. Elle est chargée d'assurer la scolarité de certains de ses petits-fils auxquels l'achat des habits flambants neufs de l'Aïd s'impose aussi. Les biskris sont à l'instar de la plupart des algériens confrontés non seulement aux dépenses ramadhanesques mais aussi à celles inhérentes aux deux autres occasions, à savoir l'Aïd et la rentrée scolaire, ce qui va nécessairement constituer un facteur assombrissant la situation financière d'une partie très importante des ménages, à l'exception des débrouillards habitués à la réduction des dépenses pour se permettre de satisfaire les exigences toujours incessantes de leurs enfants, notamment lors de la rentrée scolaire. Même les petites familles, dont la gestion budgétaire revient aux deux époux travailleurs, arriveront difficilement à rationaliser leurs dépenses le long du mois sacré vu la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité. A cet effet, Mourad et Salima, mariés depuis une dizaine d'années, n'ont pas manqué de nous livrer cette expression émouvante : «Nous travaillons depuis longtemps et jusque-là nous n'avons pu construire une maison pour nos enfants ; même la voiture que nous possédons nous l'avons acquise grâce à la vente promotionnelle. Nous touchons plus de 30 000 DA chacun, un salaire qui permet que de préserver une vie digne à nos enfants. Il nous arrive parfois de nous endetter pour traiter des situations imprévues.» Telle était la réaction des gens censés être aisés. Qu'en est-il donc des petites et des moyennes bourses ? Approchés par nos soins, un groupe de travailleurs à la daïra payés à moins de 30 000 DA estime que «les jours à venir seront difficilement vécus puisque c'est lors de cette période que nos dépenses seront revues à la hausse du moment que Ramadhan est le mois où l'on ne peut plus maîtriser les envies du ventre». Autre indice à relever, c'est qu'au rythme de l'approche de Ramadhan, l'organisation des fêtes nuptiales s'intensifie, ce qui grève de plus en plus ce que les chefs de ménage ont épargné. Certains pères de famille trouvent du mal à planifier rationnellement leurs dépenses. A ce titre, Hamid, fonctionnaire dans les services des PTT, juge qu'«il est impératif de se débarrasser des dépenses jugées superflues pour ne se consacrer qu'aux exigences du mois sacré, lequel sera suivi par la rentrée scolaire, l'autre cauchemar des pères», notera-t-il. A l'exception des familles de commerçants et des propriétaires de palmeraies de Deglet nour qui leur permettent de faire face aux aléas de la vie, l'écrasante majorité des chefs de famille dans la région de Biskra dont le pouvoir d'achat est visiblement en nette régression auront à connaître un Ramadhan des plus rudes. Face à cette situation, l'intervention des différentes parties concernées, en l'occurrence les services de la DAS, le Croissant-Rouge algérien et les bienfaiteurs, sera remarquée dès le premier jour du jeûne, a-t-on appris de sources officielles qui précisent que ces derniers ne vont pas rester les bras croisés face au recul du pouvoir d'achat, lequel a créé des milliers de nécessiteux.