En dix ans, le SNMG a doublé en passant de 6 000 à 12 000 DA. Il devra, au moins, atteindre 15 000 DA dès la prochaine tripartite. En dépit de cette augmentation, le pouvoir d'achat des Algériens reste l'un des plus faibles des pays arabes. Pourtant, nous avons l'un des meilleurs PNB (Produit national brut) du monde arabe et nos finances vont bien, comme le montre la loi de finances 2009 qui prévoit, pour cette année, un taux de croissance de 4,1% (6,6% hors hydrocarbures). Les salaires ont certes augmenté mais l'inflation qui a dérapé fortement, ces dernières années, a entraîné l'érosion du niveau de vie. Les plus touchés par cette inflation restent les petits salariés, dont les dépenses incompressibles (en termes de pourcentage des dépenses sur le salaire) ont été multipliées par quatre entre 1979 et 2008 (ces dernières sont passées du quart à près de 100 % du salaire entre ces deux périodes). Ainsi, le loyer, l'électricité ou encore le gaz ne représentaient, il y a 30 ans, que 25 % du budget des salariés à revenus moyens, ces mêmes dépenses représentent presque 100 % du salaire aujourd'hui. Les loyers, qui varient entre 20 000 et 40 000 DA à Alger, dépassent les salaires de beaucoup de fonctionnaires. Sous pression, les ménages à revenus faibles disposent d'une marge de manœuvre très étroite. Le pouvoir d'achat des ménages à revenus modestes (moins de 30 000 DA par mois) n'a cessé de régresser aux cours des trente dernières années. Au début des années 1980, un enseignant gagnait 4 000 dinars par mois. À cette époque, le kilo de sucre coûtait 2 DA. Depuis, le prix du sucre est multiplié par 30. Si on devait multiplier les salaires par le même coefficient, l'enseignant devrait toucher 120 000 DA aujourd'hui, soit quatre fois plus que son salaire actuel. Au début des années 80, l'Algérien moyen dépensait 800 DA par mois pour l'alimentation d'une famille moyenne composée de six éléments, soit moins du cinquième de son salaire. En 2009, le budget de l'alimentation pour la même famille dépasse la moitié du salaire (elle constitue près de 60% des dépenses ordinaires). Le SNMG à 12 000 DA suffit à peine à s'acquitter des factures d'électricité, de gaz et d'eau, et autres dépenses urgentes et souvent incompressibles. Les prix ont été multipliés par dix entre 1990 et 2006. À titre d'exemple, la pomme de terre était vendue à 7 DA le kilogramme en 1996, elle a atteint un prix moyen de 50 DA en 2007. Le kilogramme de viande était cédé à 200 DA en 1996 pour grimper à 750 DA en 2007. Il avoisine les 1 000 DA ces derniers jours. Résultat : une famille moyenne a besoin d'un budget de 30 000 DA pour subvenir aux besoins essentiels. Cette tendance à la baisse du pouvoir d'achat a été accentuée, à partir de 2007, par la flambée des prix des produits de large consommation. En comparant une journée de travail entre 2000 et 2008, des économistes estiment que désormais les salariés peuvent s'offrir moins de produits malgré une légère hausse de leurs revenus. L'inflation a rongé leur revenu mensuel, contraignant les ménages à réduire leur train de vie chaque mois. Selon toutes les variantes de dépenses, le budget vital mensuel d'une famille algérienne de 7 personnes se situerait autour de 24 791 DA. En clair, la majorité des familles algériennes vit donc sous le seuil vital du fait que 25 000 DA demeurent un haut salaire. D'ailleurs, une enquête, réalisée par la cellule de réflexion du Syndicat national du personnel de l'administration publique (Snapap) sur la vie socioprofessionnelle des travailleurs de la Fonction publique, a relevé que pas moins de 76,71% déclarent être obligés de recourir à chaque fin de mois à l'endettement pour satisfaire les besoins de leur progéniture. S'endetter pour subvenir à ses besoins, il s'agit là bel et bien d'une tendance qui se renforce durant ce mois du Ramadhan, lequel coïncide cette année encore avec la rentrée scolaire et son train de dépenses. Un mois de Ramadhan qui, à travers l'opération de distribution du couffin à 1 200 000 familles, nous renseigne sur l'ampleur de la tragédie de tant d'Algériens qui ne mangent pas à leur faim et qui n'ont pas la possibilité de pourvoir aux besoins de leurs familles. Sur la base d'une famille moyenne de cinq personnes, cela représente six millions de pauvres en Algérie, ou de démunis, selon le langage officiel. Quel que soit le terme usité, ce chiffre est énorme dans un pays où le produit intérieur brut par habitant est passé de 1 496 dollars en 1995, à 2 000 dollars en 2000, et à 3 250 dollars en 2006.