Après le beau temps, c'est la pluie de roquettes au Proche-Orient. Pas moins de cinq missiles artisanaux ont été tirés en direction de la ville jordanienne d'Akaba et la localité israélienne d'Eilat. A partir du Sinaï égyptien ? A en croire les autorités du Caire, il n'y a aucune logique à ce que ces attaques aient été menées à partir du territoire égyptien. Aucun terroriste d'Al Qaïda ne végéterait dans le désert égyptien, ultra-sécurisé. Une autre organisation armée finirait-elle par revendiquer ces tirs qui auraient pour double objectif, mettre le feu aux poudres et humilier l'Egypte ? A s'en tenir aux premiers éléments de l'enquête de la police israélienne, les roquettes sont de fabrication iranienne. Leur portée est de 20 km et leurs têtes contiennent quelque chose comme 6 kilos d'explosifs. Mais qui peuvent bien être les auteurs de cette escalade au moment où la Syrie évoque les perspectives d'une nouvelle guerre au Proche-Orient, au moment où le Djihad islamique menace de reprendre les attentats suicide et au moment où le Hamas palestinien parle d'une pure invention par l'Etat hébreu quant au tir d'une roquette sur Ashkelon le week-end passé ? Aux yeux de l'alliance israélo-américaine, il n'y aurait aucun doute quant à l'origine du commanditaire qui se servirait de ses bras armés dans la région pour tenter de contrer les pressions de l'axe israélo-occidental. La cible, la République islamique d'Iran qui n'aurait qu'un double dessein de l'heure à atteindre : Jeter de l'ombre sur l'incrimination en cours par le tribunal spécial Liban de tous les hauts responsables du Hezbollah libanais dans l'assassinat du milliardaire Rafik El Hariri. Une mise en accusation à laquelle Cheikh Nasrallah a promis de répondre par la force. L'autre objectif du régime de Téhéran est d'associer la Syrie à des négociations de paix que Washington et Tel-Aviv voudraient propres au conflit palestino-israélien. D'où l'empressement du président Obama et de Benjamin Netanyahou au sujet de l'ouverture, dans les plus courts délais, de négociations directes. Des pourparlers directs que Khaled Mechâal a jugé illégitimes à partir de Damas. Parce que l'escalade de la violence se fait précise, ces jours-ci, au Proche-Orient que le chef de l'Autorité palestinienne doit accepter de passer à des négociations directes qui joueraient à l'avantage de l'Etat hébreu ? A lui seul incombe la responsabilité d'entrer dans l'arène des concessions, la Ligue arabe lui ayant laissé toute la latitude à commencer les pourparlers quand il jugera toutes les conditions réunies. Ce «saucissonage» de la paix des braves, loin d'un règlement global du conflit israélo-arabe, a-t-il une quelconque chance d'aboutir ? Les mollahs ont déjà pris le soin de mettre en garde les Etats-Unis contre une éventuelle action armée contre l'Iran. Une action qui menacerait la sécurité dans le Golfe, le régime d'Ahmadinejad ne croiserait pas les bras si l'Amérique d'Obama venait à tester son plan d'attaque, déjà prêt selon le chef d'état-major interarmées américain Michael Mullen. A cette alternative de guerre, le président iranien a proposé à son homolgue américian un face à face, d'homme à homme, pour mettre sur la table des débats toutes les «questions mondiales». Barack Obama s'invitera-t-il à ce tête-à-tête pour enfin rassurer sur son entière disponibilité à laisser la porte du dialogue avec ses ennemis toujours ouverte ? Il opterait plus pour des pourparlers directs entre Palestiniens et Israéliens. S'il échoue, il ne sera ni le premier ni le dernier. La paix au Proche-Orient n'est qu'une histoire d'éternels reports.