Le Premier ministre turc doit baigner dans le bonheur, l'Etat hébreu a accepté de coopérer avec la commission onusienne, en charge de l'enquête sur le sanglant abordage de la marine israélienne de la flottille humanitaire pour Ghaza. Toutefois, c'est d'une étrange de collaboration dont il s'agit, en aucun cas les soldats et les officiers de l'armée israélienne ne pourront être convoqués ou interrogés par les membres de ladite commission. Reste que le gouvernement d'Ankara espère que ce premier pas va aider à un retour à la normale dans les relations israélo-turques, le maire d'Antalya ne cessant d'appeler les touristes israéliens à revenir. Mais si le chef du gouvernement turc est un homme comblé c'est aussi parce qu'Ismaïl Haniyeh, le maître autoproclamé à Ghaza, a choisi d'appeler son nouveau petit-fils Erdogan. C'est dire tout le respect qu'a le Hamas palestinien envers la Turquie qui, malgré sa diplomatie active, n'a pas réussi à briser totalement le blocus contre Ghaza. Tant pis, le Hamas semble tenir bon et se refuse à se laisser embarquer dans des affaires scabreuses. Après s'être rebellés contre la perspective de négociations directes, Netanyahou croit qu'elles auront lieu à partir de la mi-août, les chefs politiques du mouvement islamiste se sont dépêchés de démentir toute implication dans les tirs de roquettes contre les villes d'Akaba et d'Eilat. Une action qu'aucune organisation armée n'a d'ailleurs revendiquée. En attendant que l'ex-ministre de la Défense israélien, Amir Peretz, examine tous les aspects relatifs au déploiement du système anti-missiles Dôme de fer, notamment la vitesse de fabrication, les coûts et d'autres questions opérationnelles, l'Etat hébreu est le seul qui semble savoir qui se tient derrière cette attaque dont la Jordanie affirme détenir la preuve qu'elle a été menée à partir du Sinaï égyptien. Ce serait l'œuvre du djihad mondial. Un peu plus de précisions à ce sujet de la part du renseignement israélien ? Tout ce que l'on sait à Tel-Aviv c'est que la ville d'Eilat reste la cible du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais. Et comme l'amalgame entre résistance et terrorisme est toujours d'actualité, Benjamin Netanyahou a appelé de vive voix le président Hosni Moubarak et le roi Abdallah de Jordanie à combattre ensemble le terrorisme. En clair, faire barrage à l'ensemble des organisations moyen-orientales qui ont cette fâcheuse tendance à vouloir détruire l'Etat hébreu. Le mur de fer souterrain, que l'Egypte a édifié à sa frontière avec Ghaza pour empêcher la contrebande d'armes, n'est pas assez suffisant aux yeux de Netanyahou ? Les pays modérés de la région doivent faire beaucoup plus pour permettre une réelle émergence des courants politiques qui croient en la démocratisation du Moyen-Orient. Parmi eux, le Fatah de Mahmoud Abbas qui a été invité, sous la menace d'Obama, à ouvrir des négociations directes avec l'Etat hébreu ? Il doit faire vite s'il ne veut pas perdre la caution de l'actuelle administration américaine. Car, croire en une réconciliation Hamas-Fatah relève de l'utopie, un gouvernement de cohabitation n'arrangerait en rien les affaires de l'alliance américano-israélienne qui, elle, ne croit qu'en le réformisme incarné par le gouvernement d'Abou Mazen. Si, bien sûr, celui-ci ne se montre pas trop exigeant au fil des pourparlers directs. Des pourparlers de paix impossible que la Turquie d'Erdogan finirait par avaliser, quitte à lâcher l'un de ses plus précieux alliés, en l'occurrence le Hamas palestinien ? L'exercice d'équilibre ne va pas être de tout repos.