Le déstockage de la pomme de terre en réserve dans le cadre du Système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac) ne devait intervenir que dans le cas d'un dérèglement du marché. Le cas contraire prouve l'existence d'incohérences dans ce système, appelé pourtant, selon le ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, «à se pérenniser et à s'élargir à d'autres produits agricoles de large consommation». Des quantités de pomme de terre ont été déstockées pour être bradées à un prix inférieur à 10 DA. «C'est pour éviter de plus importantes pertes», nous a indiqué hier Gaïd Saleh, président de l'Union nationale des paysans libres (UNPL). Les stockeurs, selon lui, ont mal emmagasiné le produit car ils ne maîtrisent pas les techniques inhérentes à cette activité. Contrairement aux wilayas qui ont une expérience en la matière, d'autres wilayas qui produisent depuis quelques années uniquement la pomme de terre éprouvent encore des insuffisances dans le domaine du stockage. Dans certaines wilayas du sud, par contre, la pomme de terre a été déstockée à cause des fortes chaleurs en sus des fréquentes coupures d'électricité. Mais, de son avis, les cas de pomme de terre avariée ou ayant été déstockée en cette période de production ne sont pas nombreux. Il préférera minimiser les dégâts en soutenant que «même si des pertes financières ont été supportées par l'Etat, le pouvoir d'achat des citoyens a été préservé en plus de la garantie de gains pour les agriculteurs associés au système de régulation». Pour éviter d'enregistrer de nouveaux cas de pomme de terre avariée ou un déstockage prématuré, il a jugé utile de quantifier les besoins de chaque wilaya afin de prévoir des aires de stockage suffisantes. L'absence de statistiques sur ces besoins maintient l'instabilité du marché en termes d'offre et de demande. L'excédent de certaines wilayas doit être orienté vers les wilayas déficitaires. Revenant sur le pouvoir d'achat, il a remarqué que comparativement aux importants fonds dépensés dans le cadre du Syrpalac, l'objectif assigné n'a pas été réellement atteint. Acheter à 20 DA/kg pour vendre à moins de 10 DA/kg Malgré les importants efforts du ministère de l'Agriculture pour réguler le marché de la pomme de terre à travers l'instauration depuis juillet 2008 du système de régulation, le prix de ce produit reste relativement élevé pour les ménages algériens, surtout en périodes de faible production. D'autres opérations de déstockage prématuré ont été signalées il y a juste quelques mois dans les wilayas du centre du pays. Les stockeurs ont essayé d'écouler sur le marché une pomme de terre de mauvaise qualité, a rappelé un mandataire d'Alger. Ils ont tenté, en vain, de la vendre au prix de 6 DA/kg sans trouver preneur, a-t-il confié. A l'avenir, l'Etat est appelé à mieux gérer le système de stockage afin d'éviter d'essuyer de nouvelles pertes comme c'était le cas en 2008 lorsque 25 225 quintaux de pomme de terre avariée ont été perdus. Le ministère de l'Agriculture a payé, pourtant, un différentiel de 884,71 millions de DA aux 256 stockeurs qui ont intégré le système de régulation, pour la seule année 2008. Dans le but de stabiliser les prix sur le marché, ces dépenses ont été engagées pour régler aux stockeurs la différence entre le prix de référence (25 DA/kg) et le prix de vente réel. L'Etat a supporté aussi les frais d'assurance liés au stockage et au transport, ce qui signifie que les dépenses inhérentes au syrpalac sont faramineuses.