Les statistiques en possession du Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière (FGCMPI) indiquent que l'offre en matière de logements promotionnels «garantis» reste encore très faible. En cause, le peu d'engouement des promoteurs à rejoindre le fonds. Pour diverses raisons. Sur le tableau d'affichage accroché à l'entrée de l'immeuble abritant le fonds, le visiteur peut remarquer une profusion de coupures de presse sur les arnaques et autres escroqueries dont ont été victimes des acquéreurs de logements promotionnels, ou de la nullité en droit des pratiques érigées en règle par de nombreux promoteurs immobiliers. «Le wali démolit 220 logements à Bir Mourad Raïs pour défaut de permis de construire», «Un faux promoteur immobilier écroué à Annaba», «464 logements démolis à Ouled Fayet, le promoteur victime ou escroc», «Le contrat de réservation n'a aucune valeur juridique», les titres sont si nombreux qu'on est vite édifié sur l'anarchie qui règne dans le secteur. Au niveau de la direction des études et de la communication, on nous explique d'emblée le souci majeur du FGCMPI : éviter aux citoyens de tomber dans les rets des escrocs et, en conséquence, les informer des dangers qui les guettent au cas où ils ne prennent pas certaines précautions. C'est la raison pour laquelle «les portes du fonds sont ouvertes six jours sur sept et de 8h à 17h» à tout citoyen désireux s'informer de la démarche à suivre avant de signer un quelconque document. Ou de s'engager financièrement avec un promoteur. La clarté des informations diffusées sur le site internet du fonds participe aussi de cette volonté de ne rien laisser au hasard : tous les projets immobiliers garantis par le fonds y sont consignés, y compris le montant de la garantie, et une foire aux questions est proposée à l'acquéreur. D'un seul clic de souris, ce dernier trouve la réponse à toutes les questions qui le préoccupent. D'une manière concise, on nous explique que l'acquéreur doit s'assurer de la conformité de l'acte de propriété et du permis de construire, de l'attestation de garantie établie par le fonds et que l'acte notarié ne doit omettre aucun détail sur le prix, la consistance du bien à acquérir. Des prix en constante augmentation Depuis qu'il a commencé ses activités, en l'an 2000, le fonds a réussi à obtenir l'adhésion de plus de 1000 promoteurs immobiliers. Actuellement, ils sont au nombre de 1057, un chiffre relativement faible par rapport aux 20 000 promoteurs immobiliers inscrits au Centre national du registre du commerce. Cette situation explique peut-être la faiblesse de l'offre en logements promotionnels libres garantis. En 2009, le nombre de logements de ce type n'a pas dépassé les 3239 unités, alors qu'au premier semestre 2010, il n'est encore que de 1371, en majorité concentrés dans les régions nord du pays, et plus spécialement à Alger, Tipaza, Boumerdès, Oran et Annaba. Une goutte d'eau dans un océan considérant la demande exponentielle exprimée par les couches de la population dont les revenus ne leur permettent ni de bénéficier du logement social ni du logement LSP. La situation se complique lorsqu'on sait que le prix de cession des logements promotionnels dépasse tout entendement. Le prix du m⊃2; bâti dépasse allègrement les 80 000 DA et, selon des calculs effectués sur la base des informations diffusées sur le site du FGCMPI, certains promoteurs vont au-delà des 400 000 DA le m⊃2;, soit des appartements de 100 m⊃2; à plus de 4 milliards de centimes ! Spéculation et délits d'initiés Les prix sont libres, nous explique-t-on. «Ils sont négociés entre l'acquéreur et le promoteur et, dans ce cadre précis, le fonds n'a aucun droit de regard sur leur consistance», nous indique-t-on, en précisant que «les prix communiqués par les adhérents restent confidentiels ; cela fait partie des relations de confiance entre le fonds et ses adhérents». Certes, les prix sont libres, à cause certainement de la demande qui ne va pas fléchir de sitôt, mais c'est surtout la spéculation effrénée sur l'immobilier dans les régions nord du pays qui a propulsé les prix vers des pics jamais atteints. Dans les grands centres urbains, les prix ont explosé au point où ils dépassent, dans certains cas, les tarifs pratiqués dans les grandes capitales européennes. Le boom de l'immobilier arrange surtout ceux, parmi les promoteurs, qui ont développé des pratiques contraires à la loi. Révision systématique des prix à la hausse, fausses déclarations de prix, encaissement de sommes en liquide, promesse de réservations payantes, les astuces sont nombreuses pour rentabiliser au maximum les projets immobiliers. Et gagner jusqu'à 10 millions DA sur chaque appartement vendu, comme nous l'affirme un architecte exerçant pour le compte d'une société de promotion immobilière algéroise. «Il y a des prix beaucoup plus élevés que ça», avoue-t-il. Et c'est ce qui explique l'arrivée de nombreux des promoteurs étrangers vers le marché algérien.» Ces pratiques délictuelles ne sont pas le fait des seuls promoteurs privés. Dans le secteur public, des «coutumes» non moins honteuses pénalisent les citoyens réellement en quête d'un toit. Outre le coût exorbitant des logements qu'ils proposent, les entreprises, sociétés et autres offices publics de promotion immobilière versent dans le délit d'initié : avant même de lancer le projet immobilier, les logements, duplex et villas sont déjà attribués. Les premiers servis sont, bien entendu, leurs propres cadres, les proches, mais surtout les fonctionnaires de quelques institutions souveraines capables, en cas de pépin, de renvoyer l'ascenseur. Des intermédiaires sont également de la partie, qui se chargent, eux, de revendre ces appartements au double ou au triple de leur prix contractuel.