L'Entreprise nationale de distribution des médicaments (Endimed) a procédé mercredi à la vente de 284 officines réparties à travers 39 wilayas. Une séance d'ouverture des plis financiers s'est tenue à Zéralda en présence des pharmaciens soumissionnaires dont un grand nombre a été surpris par les offres trop élevées par certains d'entre eux. Au moment où ces professionnels accusaient Endimed de proposer des mises à prix élevées, il s'est avéré que les pharmaciens participent à la surenchère. Entre la mise à prix et les offres financières des pharmaciens soumissionnaires, la différence est de taille et dépasse dans certains cas cinq fois le prix initial. Pour certaines officines bien situées, les offres ont dépassé les 20 millions de DA alors que pour celles situées dans des zones éparses, les offres ont atteint les 8 millions de DA. «Je suis choqué d'entendre ces offres financières», nous a confié un jeune pharmacien de Bordj Bou Arréridj, reconnaissant que lui-même a fait une offre qui dépasse de 5 millions de DA la mise à prix pour l'officine qu'il souhaite acquérir. Mais en écoutant les autres offres, la sienne s'est avérée trop basse, ce qui lui procure peu de chances d'être retenu. Certes, un autre critère est prévu par Endimed pour analyser les offres et concerne le nombre d'employés de cette officine maintenus à leurs postes par les nouveaux acquéreurs, mais les chances de plusieurs jeunes pharmaciens soumissionnaires ont été réduites à l'écoute des autres offres. Sollicités pour expliquer l'importante différence entre les mises à prix et les offres financières, plusieurs pharmaciens ont confié qu'ils ont agi de la sorte afin de se garantir plus de chances d'être retenus. Les offres surévaluées Pour certaines officines, une différence de plusieurs millions de dinars a été constatée entre deux offres. A titre d'exemple, une pharmacie à Batna a fait l'objet d'une offre de 12 millions DA contre une autre de 15 millions DA. Même s'il s'agit de pharmacies en activité, la séance d'ouverture des plis témoigne de la cherté du foncier qui touche désormais tout le territoire national. Pour des officines situées dans des wilayas comme Oum El Bouaghi, les offres ont dépassé les 12 millions Da. Pour une pharmacie à Oued Rhiou (Relizane), l'offre d'un soumissionnaire était de 7,7 millions de DA alors qu'un autre a fait une offre de 11 millions de DA pour acheter une officine à Skikda. Même si la banque accompagne les futurs acquéreurs en leur accordant un crédit représentant 80% du montant de la pharmacie, plusieurs participants à la vente aux enchères ont estimé que les offres ont été surévaluées et reconnaissent qu'ils seraient incapables d'acheter à de tels prix. Et pourtant, la vente aux enchères a entre autres objectifs d'encourager les jeunes pharmaciens à créer leurs propres officines. Par ailleurs, Endimed sera dissoute d'ici la fin de l'année 2010, avait annoncé le ministre de l'Industrie. L'avenir des 2000 travailleurs de cette entreprise est compromis malgré les promesses du ministre de l'industrie, Mohamed Benmeradi, relatives au maintien de leurs emplois. Mais le ministre est resté évasif en indiquant que ces emplois seront préservés «dans la mesure du possible». Certains travailleurs s'inquiètent et affirment qu'aucune information pour les rassurer n'a été communiquée par les dirigeants de l'entreprise. Ils n'arrivent pas à expliquer la décision de dissoudre leur entreprise alors qu'elle réalise des bénéfices. Même si l'entreprise a été créée, en 1997, pour vendre les officines appartenant à l'Etat, il était question depuis quelques années de son passage à la production. Sa dissolution est injustifiée, affirment les travailleurs.