Le programme des vols internationaux d'Air Algérie connaît depuis plus d'une semaine une véritable perturbation. Des retards énormes sont accusés aussi au départ qu'à l'arrivée. Les voyageurs, notamment des émigrés, ne savent plus à qui s'adresser pour exprimer leur déception. Avant-hier, les voyageurs qui rentraient de Tunis ont vécu le calvaire. Le vol prévu à 18h10 a été retardé jusqu'à 19h40. La direction d'Air Algérie a dû louer un avion auprès d'une compagnie italienne pour pouvoir assurer le transport des passagers. A l'aéroport international d'Alger, l'arrivée de l'avion était prévue à 19h10. Mais, sur les écrans, on a prévenu que l'arrivée est attendue à 20h10, avant de changer d'horaire, 21h10. Des familles, venues nombreuses accueillir leurs proches, étaient surprises par ces retards «injustifiés». L'avion venant de Tunis n'a atterri finalement qu'à 21h54. Certains ont dû patienter jusqu'à 23h pour voir les passagers retenus par les formalités et les procédures de contrôle des bagages. «C'est vraiment épuisant. J'ai consacré pratiquement la journée pour ce vol qui devait être en fin de compte d'une heure et quelques minutes. J'ai vécu la même expérience lors de mon départ…», a affirmé Abdelhak B. qui rentre de Tunisie après une semaine de vacances passée à Hammamet, avant d'ajouter : «Heureusement, je n'avais pas beaucoup de bagages sur moi. C'est infernal…» Le constat est similaire pour les autres vols vers les grandes villes européennes. Vendredi, les vols retours de Barcelone, Madrid, Paris, Lille et Nice ont connu des retards énormes de plus de 5 heures, surtout pour le vol Paris Charles de Gaule-Alger prévu initialement à 18h, mais l'atterrissage de l'avion sur le tarmac de l'aéroport s'est effectué vers 23h. Il en est de même pour le vol Metz-Alger qui a enregistré un retard énorme de 19h à 22h30. Les halls étaient pleins à craquer de citoyens venus récupérer leurs proches, sachant que les conditions d'accueil à l'aéroport d'Alger laissent à désirer avec l'absence totale de restaurants et de cafétérias pouvant répondre à la demande. La seule cafétéria fonctionnelle pratique des prix hors normes et il n'existe pas d'autre alternative, comme les distributeurs de café ou de sandwichs. Face aux retards accusés, des citoyens étaient contraints de sortir de l'aéroport pour s'offrir une pizza ou un casse-croûte à défaut d'un dîner chez soi. «J'ai conseillé à ma famille de ne pas choisir cette compagnie. Mais elle n'a pas le choix, surtout en cette période estivale. La concurrence dans le domaine du transport aérien n'existe pas en Algérie», nous dit M. Hammouche, venu d'un village de Tizi Ouzou accueillir son frère et sa famille qui débarquent de Metz pour passer leurs vacances au bled. Les invités de Hammouche étaient obligés de prendre la route vers 23h alors qu'ils devaient démarrer initialement à 19h. «Nous risquons notre vie car nous résidons dans une village lointain dans les montagnes du Djurdjura. Nous ne sommes pas intéressés par passer la nuit ici dans le parking de l'aéroport comme le font certains. Que Dieu nous protège», nous confie cet homme avec un air très inquiet. Un programme perturbé Au sujet de ces retards répétitifs et injustifiés, nous avons pris attache avec M. Benhamouda, conseiller du PDG d'Air Algérie. Le responsable reconnaît au passage les difficultés rencontrées par la compagnie nationale en cette période d'été, où la demande, surtout de la communauté algérienne installée à l'étranger, est très importante. «Nous sommes mobilisés pour éviter les retards. Nous avons mis en place des capacités additionnelles et les retards accusés ne sont pas très importants. Ce n'est pas dû à la volonté d'Air Algérie mais à d'autres facteurs extérieurs que notre PDG a eu à expliquer il y a quelques jours», a tenu à nous clarifier M. Benhamouda, reconnaissant que cette saison a été vraiment difficile en raison de l'approche du mois sacré. Habituellement, les tensions sont connues, selon lui, sur les périodes de début juillet et fin août, marquant l'entrée et le retour des émigrés. Mais cette année, un rush a été constaté tout le mois de juillet et début août. «Les voyageurs qui ont passé le mois de juillet veulent rentrer maintenant. Cela perturbe le programme», nous fait-il savoir. L'autre facteur qui a pesé sur Air Algérie est celui du nombre croissant d'émigrés voulant passer les vacances en Algérie. Les chiffres ont dépassé ceux de l'année passée, sans que la compagnie possède les moyens adéquats pour y faire face.