La colère a atteint son paroxysme au niveau de l'aéroport d'Alger. De sérieuses perturbations sont enregistrées depuis trois jours au niveau des vols d'Air Algérie. Les départs, précisément à destination du Sud, ont été retardés ou annulés. Au niveau de cette compagnie, chacun y va de sa version. «Les membres d'équipage refusent de monter à bord des Boeing 737-200», précise une source proche d'Air Algérie. Selon notre interlocuteur, près de cinq vols à destination de Djanet ont été annulés depuis jeudi. Une information appuyée par un responsable d'une agence de voyages qui dit ignorer les raisons de ce dérèglement. «Je pense même que personne, parmi les employés, d'Air Algérie, ne pourra vous informer. Nous avons essayé de nous renseigner auprès du chef d'escale; en vain. La situation le dépasse aussi», déclare un responsable du Touring Club. Avant d'ajouter: «Une chose est sûre il y a un lien direct entre ces perturbations et le crash du Boeing jeudi.» Hier, au niveau de l'aéroport d'Alger, les employés se sont montrés plutôt prolixes sur cette question. M.Baâli, président du Syndicat national des pilotes, dément l'information selon laquelle les pilotes exigent le retrait des Boeing 737-200. «Les retards enregistrés hier s'expliquent par le fait que le personnel d'Air Algérie avait tenu à assister à l'enterrement de ses collègues.» Il rassure enfin la clientèle d'Air Algérie que « tout rentrera dans l'ordre aujourd'hui». «Non, il n'y a aucun vol annulé», nous précise-t-on au niveau du service des renseignements. «C'est vrai que les vols sont retardés, mais je ne saurais vous en donner les raisons», explique un autre: «Adressez-vous au chef d'escale», nous conseille un troisième. Un touriste français s'approche de nous: «Nous sommes bloqués ici depuis trois jours, et personne n'a daigné nous expliquer les raisons de ces perturbations. On nous demande d'attendre le chef d'escale, mais ce dernier ne s'est jamais manifesté.» Marc est propriétaire d'une agence de voyages. Il est venu en Algérie en compagnie de 30 journalistes pour réaliser des reportages sur le Sud algérien, dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. «J'aime énormément votre pays, mais je pense que mes amis réfléchiront à vingt fois avant d'y remettre les pieds.» Ce groupe est piégé depuis vendredi à l'aéroport Houari-Boumediene à la suite de l'annulation de son vol vers Djanet. «On n'aimerait juste qu'on nous dise jusqu'à quand allons-nous rester dans ce coin, sans que personne s'inquiète de notre sort.» Passionné apparemment par l'aventure, le groupe négocie un éventuel départ vers Illizi. «Nous nous excusons Messieurs, il n'y a pas de vols vers cette destination» telle est la réponse d'Air Algérie. Une journaliste de Radio Marseille fera cette réflexion: «Moi je soutiens les pilotes des Boeing 737-200. Il est inconcevable que toutes les navettes vers le Sud se fassent à bord de ce vieil appareil.» Ce groupe ne constitue pas un cas isolé. Nous avons appris que trente touristes espagnols ont regagné leur hôtel, croyant que le vol vers Timimoun était annulé, alors qu'il s'agissait d'un simple retard. L'absence d'informations fiables a mis tout le monde sur les nerfs. C'est le cas de cette femme qui devait rejoindre avant-hier sa famille à Tindouf. «J'ai passé la nuit à l'aéroport avec mon bébé», explique-t-elle. Hier, la colère a atteint son paroxysme parmi les voyageurs. «Où sont les responsables? Qu'ils nous expliquent ce qui se passe», s'écrie ce sexagénaire. La liste des passagers en quête d'une place à bord de l'avion est longue. Une situation exacerbée, précisons-le, par les problèmes auxquels fait face la compagnie Khalifa Airways. Notons que sur le tableau 9 destinations s'affichent : Ghardaïa, In Amenas, Hassi R'mel, Ouargla, Timimoun, Tamanrasset, Annaba, Oran et Tindouf. Notons enfin que le crash du Boeing 737-200 d'Air Algérie n'a pas dissuadé les touristes étrangers à venir visiter le Sud. «Aucune annulation n'a été enregistrée», nous signale-t-on au niveau d'Air Algérie. «Loin du fait qu'on ne peut échapper à la mort, il est important de signaler que c'est le premier crash qu'a connu la compagnie algérienne en quarante ans. Ce qui démontre le professionnalisme de vos pilotes», témoigne ce journaliste français.