Les difficultés de trésorerie des entreprises ont été accentuées par la mise en œuvre du crédit documentaire en août 2009. Les entreprises importatrices de matières premières destinées à la transformation et non à la revente en l'état ont été traitées au même titre que les importateurs de produits destinés à la revente. Cette situation est appelée à changer, selon Zaïm Bensaci, président du conseil national consultatif des PME qui plaide pour l'instauration de nouvelles mesures devant apporter un traitement différent aux PME productrices. Dans cet entretien, il attire l'attention sur le cas des entreprises en difficulté qui doivent bénéficier d'assouplissement au niveau des banques pour pouvoir contrer les difficultés financières. Le Temps d'Algérie : Quel bilan faites-vous après une année de mise en œuvre du crédit documentaire ? Zaïm Bensaci : C'est une mesure prise par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 qui avait pour but de freiner l'importation sauvage. Au bout d'une année, nous avons constaté que les choses se sont passées d'une manière accélérée. Même si le transfert de devises à l'extérieur a diminué, il faudrait apporter quelques assouplissements qui seront décidés en concertation avec les opérateurs économiques. Certes, nous avons des entreprises d'importation qui importent à outrance mais nous avons aussi des petites entreprises. Ces dernières doivent jouir d'une certaine liberté en matière d'importation de matières premières et de pièces de rechange. Je pense qu'il y aura des réajustements au profit des entreprises productrices. C'est ce que nous souhaitons en tout cas. Certains chefs d'entreprise se sont plaints du crédit documentaire dans la mesure où ce mode de payement a causé un ralentissement de leur outil de production. Qu'en pensez-vous ? Beaucoup d'entreprises ont été pénalisées car la remise documentaire leur permettait de payer leurs importations de matières premières ou autres sur une période de 30 à 90 jours, conformément aux accords conclus avec les fournisseurs. Mais l'obligation de payer au comptant exigeait d'avoir une trésorerie conséquente pour pouvoir acheter les matières premières. Sans une trésorerie suffisante, beaucoup d'entreprises se sont retrouvées en difficulté. Certaines entreprises activant dans le domaine de la sous-traitance sont payées avec un différé de plusieurs mois et sont de ce fait confrontées aux problèmes de trésorerie. Vous évoquez la nécessité d'instaurer de nouvelles mesures d'assouplissement. Que proposez-vous ? Il serait bien de prévoir des facilitations au niveau des banques soit sous forme de crédit ou d'avance de sommes suffisantes pour faire face à une opération d'importation de matière première. Les entreprises productrices doivent bénéficier d'une facilitation permettant d'avoir une enveloppe relativement conséquente pour les commandes de pièces détachées notamment. Les sociétés ne disposent pas de grands moyens financiers pour alimenter leurs stocks de matières premières ou autres. C'est pour cette raison qu'il faudra prévoir un crédit temporaire assorti d'un très faible taux d'intérêt, afin de faciliter les importations des intrants sans pour autant pénaliser les entreprises. Cependant, le système bancaire demeure frileux et accompagne peu ou pas du tout les entreprises. L'accompagnement prodigué aux entreprises doit être soutenu.