Les importateurs de matières premières et de produits semi-finis auront droit à des assouplissements pour obtenir un crédit documentaire. La pression exercée par le patronat sur le gouvernement semble avoir porté ses fruits puisqu'il accepte que les conditions d'exercice de l'activité du commerce extérieur par le biais du crédit documentaire soient assouplies. Il est déjà coutumier que les relations entre les banques et leurs clients soient soumises à des négociations entre les deux parties pour trouver les meilleurs moyens d'éviter que l'une ou l'autre ne subisse les contrecoups des décisions économiques. La demande initiale du patronat est de rétablir les autres moyens de paiement comme le transfert libre, ce qui n'est pas accepté par le gouvernement. Pour l'instant, les banques consentent à étudier le montant des commissions payées par les importateurs et les exportateurs lors de l'ouverture de lignes de crédit documentaire. La tradition est que les commissions ne sont jamais les mêmes si le crédit est confirmé ou non. Néanmoins, patronat et gouvernement semblent s'entendre sur une chose: ne pas pénaliser l'importation des matières premières destinées à la transformation, et ne pas entraver l'activité des entreprises en coupant les sources d'approvisionnement en moyens de production. La Banque extérieure l'Algérie, par le biais de son P-DG, Mohamed Loukal, a été la première à annoncer qu'elle propose aux importateurs des crédits à paiement différé pour certaines échéances pour ne pas mettre en péril leur trésorerie. Si l'importateur n'est pas en mesure de payer son crédit à la fin de l'échéance, la BEA peut le transformer en un crédit-relais. Les entreprises candidates à ce genre de facilités doivent être importatrices des matières premières. Il n'est donc pas question de privilégier les importateurs de produits destinés à la revente en l'état. Certains industriels qui importent en même temps de la matière première, à l'instar de Mohand Arezki Aberkane, président-directeur général du groupe Sogemetal, nous ont signalé qu'ils considèrent le fait d'obliger l'opérateur/producteur à utiliser le crédit documentaire comme unique moyen de règlement des opérations comme une mesure à la fois onéreuse et réductrice portant atteinte à l'indispensable flexibilité de toute entreprise. Pourtant cette donne est reconnue dans le monde entier comme facteur essentiel de compétitivité, notamment pour les entreprises de production de biens et de services. L'autre argument mis en avant pour rejeter la disposition de la loi de finances complémentaire imposant le crédit documentaire comme unique moyen de paiement est lié au fait qu'il exige des confirmations coûteuses par rapport à d'autres moyens de paiement extérieur et qu'il mobilise des fonds et allonge les délais de traitement et de règlement. L'argument de réduction des volumes et des valeurs des flux d'importation est aussi battu en brèche. Cet objectif ne pouvant être atteint qu'en passant par l'augmentation de l'offre locale de biens et services et par conséquent par une régulation plus vigoureuse envers les activités de production nationale.