Afin de répondre à une commande éditoriale, un homme s'applique à écrire l'histoire d'une dynastie médiévale, venue des confins du Sahara pour soumettre tout le Maghreb. Mais ressusciter le passé est une entreprise qui peut lâcher soudain sur le présent des hantises et des démons insoupçonnés. En marge de sa tâche, l'homme rêve sur les déserts : celui de l'Afrique du Nord, celui de l'Arabie et aussi celui de la ville d'Europe où il s'est réfugié pour écrire. Ecrire dans les villes froides... Ma tête est semblable à ces outres où les Indiens transportent, au gré de leurs migrations, les os de leurs ancêtres. L'histoire almoravide clignote dans un lointain assoupissement, elle cliquette à l'intérieur de mon crâne, avec des remontées brutales qui allument un feu sous l'occiput. Alors, le désert et son été perpétuel crèvent l'écorce du monde. Une enclume infatigable s'installe dans le ciel, allumant des étincelles dans l'atmosphère en kermesse. Tahar Djaout a été assassiné à Alger en juin 1993.