A l'approche du mois sacré du Ramadhan, la mobilisation citoyenne bat son plein. Le Croissant-Rouge algérien (CRA), des associations de bienfaisance et même des particuliers ouvrent des restaurants au profit des démunis et des passagers durant ce mois de piété. L'élan de solidarité est lancé de manière spontanée. «La solidarité des Algériens est une qualité propre à ce peuple des grands événements», déclare d'emblée le président du CRA, Hadj Hamou Ben Zguir. La ville d'Alger compte à elle seule une vingtaine de restaurants, dont celui situé à la rue Mulhouse, à Alger-Centre, appartenant au Croissant-Rouge algérien (CRA). D'autres restaurants ouvrent dans la capitale et sa périphérie, à Draria, à El Achour, à Chéraga et même à Rouiba et à Aïn Taya. Le mode de fonctionnement de ces restaurants répond aux exigences du CRA qui les fournit en produits agroalimentaires. Les restaurateurs se chargent par la suite de préparer les menus destinés aux démunis. Hadj Hamou Ben Zguir, président du CRA, affirme que pour cette année «pas moins de 16 restaurants répartis à travers le territoire de la wilaya d'Alger seront opérationnels en attendant d'autres particuliers qui vont se manifester durant ce mois». S'agissant du volet approvisionnement, le président du CRA a indiqué que «l'Algérien est un être unique en son genre, il est très solidaire et très humain, tous nos produits proviennent des bienfaiteurs et, chaque année, nous arrivons à satisfaire la demande des milliers de nécessiteux». Les restaurants appelés aussi de la rahma, c'est-à-dire de miséricorde, reçoivent non seulement des personnes nécessiteuses mais aussi des passagers et des voyageurs qui n'ont pas pu rejoindre leur domicile à l'heure de la rupture du jeûne. «Même une personne qui vient en costume-cravate est la bienvenue, notre devise est d'aider les gens et non à chercher à comprendre si tel a les moyens ou non de s'offrir un plat», explique le jeune Walid, volontaire et membre du CRA. Une mission difficile mais réussie Pour rappel, le lancement des restos du cœur en Algérie date des premières années de l'indépendance, au moment où les quelques familles réfugiées au Maroc et en Tunisie rentraient au pays. A leur arrivée aux premières wilayas frontalières, ces familles sont accueillies et invitées à manger et à passer la nuit chez leurs concitoyens. Une pratique qui a disparu durant les années fastes de notre pays, durant la décennie 1970 à 1980. Le retour des maidet el hillal a été une initiative de Mohamed Hamiani, que Dieu ait son âme, qui sillonnant un jour la rue Didouche Mourad, à l'heure de la rupture du jeûne, avait constaté la présence de personnes qui n'avait rien à manger et à boire. Et c'est de là qu'est renaît l'idée des restaurant du cœur durant le mois sacré du Ramadhan. La gestion de ces restaurants est confiée à des volontaires, explique le président du CRA. Des jeunes et moins jeunes, cadres, médecins, étudiants et même des chômeurs gèrent ces établissements cédés dans la plupart des cas par des particuliers au CRA pour leur exploitation durant ce mois sacré. «Notre maison est ouverte à tout les citoyens, et nous avons besoin de tout un chacun pour réussir cette opération», a indiqué le président du CRA, ajoutant que «la mobilisation citoyenne est le secret de notre réussite». Le CRA est indépendant dans ses actions, et les opérations qu'il chapeaute sont le fruit des membres mais surtout des volontaires qui viennent étoffer les équipes de cette institution durant ce mois sacré. Il faut dire que la tâche n'est pas du tout facile. «Nous servons environ 5000 repas par jour rien que dans la capitale. Dans notre local de la rue Mulhouse, quelque 400 repas sont servis quotidiennement», indique le président. Des restos rahma ambulants ! Les équipes du CRA sillonnent les différentes rues d'Alger en offrant des repas chauds aux démunis et aux sans domicile fixe qui sont éparpillés aux coins de la capitale. Hadj Hamou nous a avoué être très satisfait du résultat de cette opération. «Nous avons constaté que beaucoup de personnes dans le besoin ne venaient pas dans nos restaurants, et c'est de là qu'est née l'idée de mettre une équipe sur le terrain dont la mission est d'offrir des repas chauds aux SDF.» «Les restaurants rahma sont une forme de solidarité, de rapprochement et d'entraide citoyenne, notamment durant le mois de Ramadhan. Pour cela, nous invitons toute âme charitable à apporter selon ses moyens son aide à l'opération», a conclu le président.