Même si la peur nous traque encore de revoir Si Lakhdar à la télévision, ce ramadhan on est quand même content de retrouver Hakim Dekkar dans le rôle de Djeha. Toutes les blagues de notre enfance tournaient autour de ce personnage connu à travers tous les pays musulmans, de l'Afghanistan au Maroc. Chaque pays avait son Djeha et le nôtre s'appelait Ould Sid Emmou et habitait le village Esshanine (près d'El Asnam) où se trouve le mausolée de Sidi Sahnoune, le saint patron chanté par hadj M'hamed El Anka. Ould Sid Emmou est l'auteur de plusieurs chansons, notamment Ezzit Ezzit et Ya Bellaredj, une chanson enregistrée par plusieurs chanteurs dont Lili Boniche, Fadila Dziria et Enrico Macias. Il se déplaçait avec son père dans les villes d'El Asnam, Berrouaghia et Médéa pour donner des spectacles sur les places publiques. Ould Sid Emmou se déguisait en mettant une cape de cuir appelée Djeld Erkoul qui tient son origine du théâtre grec (la peau d'Hercule). Il faut rappeler que le Djeha algérien, qui s'était déplacé en Libye pour affronter le Djeha libyen, avait perdu sa partie, car le Libyen qui était informé de son arrivée l'avait piégé en lui demandant de retenir le mur de peur qu'il ne tombe. En effet, c'était le Djeha libyen qui avait piégé l'Algérien. Il faut rappeler que bien avant Hakim Dekkar, en 1927, Rachid Ksentini avait incarné le rôle de Djeha dans la pièce écrite par Sellal dit Allalou. C'étaient les débuts de Rachid Ksentini, le père du théâtre comique algérien dans la Zahia, troupe que dirigeaient Dahmoune et Allalou. Il faut rappeler que le vrai Djeha était un imam turc qui usait d'humour lors de ses discours qu'il donnait tous les vendredis à la mosquée. Il faut dire aussi que Hakim Dekkar est le mieux placé pour incarner le rôle de Djeha, car il est aussi intelligent, doué et rusé que lui. En effet, ce beau gosse, qui s'est refait une dentition, a suivi la voie artistique et théâtrale de son frère aîné Djamel et lui a joué un beau tour pour devenir plus célèbre que lui.