Les services des urgences des hôpitaux de la capitale ne désemplissent pas depuis le début du mois de Ramadhan. Ils sont pris d'assaut par de nombreux malades, notamment des personnes âgées. Ce sont des personnes qui sont dans la plupart des cas atteintes de maladies chroniques telles que le diabète ou l'hypertension, mais s'efforcent à observer le jeûne à leurs risques et périls. Les médecins urgentistes de l'hôpital Mustapha Pacha et de Béni Messous demandent au ministère de tutelle de réagir. Ils interpellent le ministère des Affaires religieuses à expliquer aux malades que «l'Islam est une religion de tolérance et qu'ils ne sont pas obligés de faire carême étant malade». Le Dr Belhadj, médecin urgentiste à Mustapha, a relevé un autre type d'intervention, résultat de bagarres et de rixes qui mènent à l'utilisation de couteaux et autres objets dangereux. «Au bout du troisième jours de ce mois, notre service a enregistré une dizaine de blessés suite à des bagarres. Sans comptabiliser les blessés victimes d'accidents de la circulation», affirme-t-il. A l'hôpital de Béni Messous, le docteur Nafissa a déploré le manque d'hygiène de vie chez nos concitoyens. «Rester toute la journée sans rien prendre, donc l'estomac vide, et le soir on se gave en mangeant n'importe comment et n'importe quoi aussi. Des patients qui viennent généralement le soir, après la rupture du jeûne, pour un ballonnement dû à un mélange de nourriture (salé, sucré), diarrhées aiguës et vomissements suite à une indigestion», signale-t-elle. Selon le médecin, le taux le plus élevé de malades ayant visité le service des urgences en ce début de Ramadhan appartient à la catégorie des malades chroniques. «Nous avons reçu une jeune femme diabétique insulinodépendante qui observe le jeûne. Ce genre de cas est fréquent mais laissez-moi vous dire que ces gens sont inconscients et ne savent pas qu'ils mettent leur vie en péril alors que la religion les a dispensés». Même cas de figure chez les hypertendus, surtout que le mois de Ramadhan de cette année coïncide avec le mois d'août, ce qui rend les choses encore plus difficiles pour cette catégorie. C'est d'ailleurs de l'avis du Dr Djellab, cardiologue, soulignant que «les hypertendus sont exempts du jeûne. Cette année, le Ramadhan coïncide avec le mois des grandes chaleurs. Et vous savez qu'un hypertendu ne supporte pas la chaleur, alors imaginez un malade qui jeûne. C'est un risque inutile et l'Islam n'accepte pas qu'on se jette dans un fossé et se rendre malade pour cela». Une alimentation saine et équilibrée Les médecins conseillent aux jeûneurs de ne pas trop manger et ne pas mélanger les produits alimentaires. Ils insistent sur une alimentation saine et équilibrée pour éviter des débuts de maladies qui peuvent avoir des conséquences même après le mois de carême.