Le président Bouteflika auditionnera aujourd'hui Youcef Yousfi, le ministre de l'Energie et des Mines, qui lui rendra compte du bilan et des perspectives de son secteur. Cette entrevue, qui s'inscrit dans le cadre des auditions annuelles des membres du gouvernement, notamment durant le ramadhan, prend un sens particulier dans la conjoncture politique actuelle. C'est la première fois en effet que le président de la République se penche sur le dossier de l'Energie et des Mines après la série de scandales qui ont secoué le groupe Sonatrach ces derniers mois, à la suite desquels Chakib Khelil a été écarté du gouvernement lors du dernier remaniement ministériel. Des sources du ministère de l'Energie et des Mines indiquent que l'audition du nouveau ministre portera en particulier sur le plan de relance de Sonatrach. Le groupe pétrolier a subi des pertes de l'ordre de 284 milliards de dinars en 2009, selon l'institut des commissaires aux comptes, soit l'équivalent de 2,84 milliards d'euros, et il est attendu que Youcef Yousfi rende compte au chef de l'Etat des mesures prises pour redorer le blason terni de Sonatrach et, surtout, en finir avec les scandales à répétition qui l'éclaboussent depuis quelque temps. Dès sa nomination à ce poste, l'actuel ministre de l'Energie et des Mines a déclenché une enquête administrative sur les dépassements constatés dans son secteur et qui lui a permis, entre autres, d'opérer des changements radicaux dans l'encadrement de l'entreprise. Plusieurs proches de l'ancien ministre ont été ainsi écartés, de même qu'il a été procédé à la révision des contrats conclus avec les entreprises étrangères dont le rôle sera redéfini. Youcef Yousfi devra donc passer aujourd'hui une épreuve de confiance, surtout que le chef de l'Etat n'entend pas se laisser leurrer par les chiffres trompeurs présentés par certains ministres. Le président avait avoué en effet que des ministres lui ont menti lors de ces auditions, et c'est ce qui explique le rôle de premier plan confié à un groupe de ses conseillers, chargés entre autres de dresser le véritable état des lieux prévalant dans tous les secteurs d'activité. Où en sont les réformes du secteur ? Le chef de l'Etat auditionnera également Karim Djoudi, le ministre des Finances, qui aura à répondre du programme de réformes financières et des mesures incitatives devant permettre aux opérateurs d'investir dans la petite et moyenne entreprise. Il s'agit, entre autres, de l'extension de la garantie de l'Etat sur ces crédits, la multiplication par cinq de la valeur des montants garantis, le développement des mécanismes de financement au profit de la PME, en même que l'ouverture de succursales de banques et de sociétés de leasing au niveau de chaque wilaya. Il sera aussi question de la création du fonds national des investissements dont la mission est de soutenir les entreprises publiques ayant engagé des plans de modernisation et de mise à niveau, outre l'augmentation des participations dans les opérations de partenariat. Dans le même ordre d'idées, le ministre des Finances devra expliquer le plan d'action en matière d'encouragement de l'investissement, de création de postes d'emploi dans les régions défavorisées. Les facilitations à accorder aux grandes entreprises seront aussi à l'ordre du jour de la rencontre. Pour rappel, le président Bouteflika avait affirmé, il y a quelque temps, qu'il ne suffit plus des réunions du conseil des ministres et des rapports officiels qu'il reçoit de chaque département ministériel, décidant en conséquence de rencontrer les membres du gouvernement, soit individuellement, soit à deux ou trois selon l'interdépendance de leurs secteurs. Le chef de l'Etat a décidé en outre qu'un rapport détaillé sera communiqué à l'intention du public à l'issue de chaque audition.