Les auditions du Ramadhan révèlent que de nombreux secteurs ont besoin de s'orienter vers la satisfaction des besoins des citoyens. Depuis une dizaine de jours, le Président Bouteflika a reçu nombre de ses ministres pour des auditions. Assez souvent, il en ressort que les remarques du président renferment des constats sur des dysfonctionnements dans divers secteurs. A commencer par l'un des plus sensibles d'entre eux, à savoir le secteur financier. Même le domaine des hydrocarbures n'a pas échappé aux recommandations du président. Il a d'ailleurs reçu les ministres en charge de ces secteurs en premier. Au ministre des Finances, Karim Djoudi, le président a fait remarquer que les cadres du secteur bancaire ne sont plus dans la capacité de le gérer correctement. Bouteflika ayant même suggéré de faire appel aux étrangers. «La modernisation du système bancaire et financier doit se poursuivre avec le concours de partenaires dans des fonds mixtes et même, le cas échéant, le recours à l'expertise étrangère à même de participer à l'amélioration de la gestion des banques et établissements financiers publics», avait dit le président. Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a eu également droit à un recadrage de sa politique. Le président lui a fait savoir qu'il n'est pas satisfait de la gestion du secteur. Ce dernier était confié pendant deux mandats présidentiels, à Chakib Khelil, prédécesseur de Yousfi. Ce dernier a reçu instruction de veiller à la valorisation des entreprises publiques ou mixtes. «Cette responsabilité ne saurait souffrir aucune exception et nécessite que le développement de l'entreprise et l'usage de ses ressources soient étudiés et agréés par son actionnaire, à savoir l'Etat», a dit le président qui ne se satisfait pas de ce simple rappel. Il dit attendre la présentation d'un véritable programme d'action. Il a même demandé une réévaluation des projets d'industries pétrochimiques. Il veut que le ministre tienne compte de leur capacité à générer une industrie en aval et à parvenir à une meilleure valorisation de la rente gazière. Energie et finances n'ont pas été les seuls secteurs à susciter l'intérêt du président. En recevant Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, il a insisté sur l'accélération de la cadence des réalisations. C'est donc sur le respect des délais de réalisation que le président a pesé. Sans omettre d'exiger une qualité irréprochable des ouvrages. A quoi doit s'ajouter la maîtrise des coûts. Dans ce secteur, il est hors de question de compter indéfiniment sur les moyens de réalisation étrangers. L'accent a été mis sur la consolidation de l'outil national pour l'émergence de nouvelles capacités d'études et de réalisation performantes et sur l'amélioration de la qualification de la ressource humaine par la formation. Toutes ces performances souhaitées doivent aboutir à une plus grande implication de l'outil national d'études et de réalisation pour lui permettre d'élever le niveau des prestations afin de s'aligner sur les standards internationaux. En ligne de mire, se trouve la nécessité d'accorder le meilleur service aux citoyens. Cela est vrai en matière d'infrastructures routières mais il l'est également dans d'autres domaines comme celui de l'eau et des transports ou encore des postes. En recevant Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, le président estime que les résultats probants en matière d'alimentation en eau potable et d'assainissement doivent être étendus à l'ensemble du territoire. Ces réalisations sont des motifs d'encouragement pour la poursuite de la modernisation et l'extension des réseaux pour offrir à tous les citoyens le même service public de l'eau, selon le président. Le chef de l'Etat a aussi instruit le gouvernement en vue du renforcement des capacités d'encadrement et de maîtrise d'ouvrage, notamment dans les domaines de management des projets hydrauliques et d'exploitation d'ouvrages et d'infrastructures. En se penchant sur le secteur de l'eau, un autre domaine a été abordé qui est celui de la sécurité alimentaire. La politique de mobilisation des ressources hydriques sera orientée vers l'extension de l'agriculture irriguée. Elle est considérée comme seul garant de la sécurité alimentaire du pays. En recevant les ministres de la Poste et des Transports, de nombreux autres soucis ont été soulevés. Cela donne un avant-goût de la teneur des prochaines auditions avec des ministères sensibles. A commencer par ceux des Affaires étrangères et du Commerce ou encore celui de l'Habitat.