L'abattage et la commercialisation anarchique de la chair de dinde connaît, en ce mois de Ramadhan, des courbes ascendantes tant sur le volet de la mercuriale que sur celui des quantités écoulées. Toutefois, à Maktaâ Kheira, réputé pour son foisonnement de revendeurs, aucune mesure d'hygiène n'est respectée. Un constat scandaleux qui, pourtant, n'influe pas sur le taux de fréquentation de ces lieux. Les plumes accrochées aux arbres longeant les abords de la route annoncent la forte activité d'abattage. Les odeurs nauséabondes qui se dégagent de ce point de vente mis en place par la commune, il y a quelques années, pour «parer à l'anarchie qui prévalait», renseigne sur le non-respect des règles d'hygiène, et ce, en dépit des efforts fournis par la commune, comme nous l'a affirmé le vice-président de l'APC, Mourad Kaidara, lequel évoque, du bout des lèvres, «l'insuffisance des moyens». Sur les lieux, les professionnels de la presse ne sont pas les bienvenus et les photographes sont interdits de figer des images. «Ils refusent de se faire prendre en photo car ils ont honte de leur saleté», dit un des nombreux citoyens rencontrés sur les lieux. Dans ce marché, l'escalope de dinde est revendue à 650 DA/kg. Soit 100 DA de moins par rapport aux prix exercés dans les étals des grands marchés d'Alger. Les abats sont revendus à raison de 350 DA/kg. La dinde non évidée est vendue également à des grossistes et des restaurateurs. Pour ces derniers, la dinde non évidée est vendue entre 320 et 350 DA/kg. A l'intérieur du point de vente construit à l'aide de taules et de haillons, l'odeur est insoutenable. Les quelques commerçants sur place et dont certains ne possèdent même pas de registre de commerce, proposent la chair de dinde à la criée aux consommateurs en quête de quelques économies. Le sol est inondé de sang, d'eau et de plumes. Il s'en dégage des odeurs pestilentielles. Dans un coin isolé, une fenêtre est ouverte. Un regard au travers de celle-ci nous fait découvrir l'abattoir dans lequel des dizaines de jeunes exercent dans des conditions scandaleuses. Munis de couteaux, pataugeant dans le sang et les plumes, de jeunes adolescents égorgent les dindes à la chaîne. Une fois égorgées, les dindes sont introduites dans une bassine pour y recueillir le sang, lequel est versé dans une fosse située à quelques mètres de l'abattoir. Il s'écoule dans l'oued Mazafran, tout proche. Aux alentours de l'abattoir, des cages fabriquées à l'aide de grillage contiennent des centaines de dindes destinées à l'abattage. En dépit de conditions repoussantes qui règnent au sein de ce marché, les clients ne cessent de revenir à la charge. «Parfois, des chaînes inimaginables de clients se forment à l'entrée du marché et les véhicules produisent des embouteillages à peine croyables sur la route», indique le responsable de ce point de vente qui ajoute que «la partie assainissement et évacuation des déchets, abats et plumes, est assurée par les services de l'APC». Une benne est installée à proximité du marché pour recevoir les détritus lesquels sont acheminés vers la décharge communale. Les commerçants quant à eux, versent une mensualité de 1000 DA au titre de location des étals. Des sommes qui devraient être versées à la commune. Il faut savoir que des millions de poussins de dinde sont importés chaque année et les points d'élevage se multiplient. «Il y a des éleveurs à Gouraya, à Cherchell, à Médéa, à Rouiba, à Bougara et en divers points du territoire national», révèle un des commerçants qui, pour susciter notre attention, déclare que «même à Sidi Fredj, il y a des éleveurs de dindes». Plus de 2 milliards pour le nouvel abattoir Le premier vice-président de l'APC, Mourad Kaidara, précise que le projet de construction d'un nouvel abattoir est en phase finale. «L'avis d'appel d'offres devrait être lancé dans les jours à venir», indique l'élu qui nous explique que «l'abattoir et le point de vente seront décantés de manière à éviter aux consommateur le spectacle de l'abattage. Cette opération se fera dans un abattoir moderne, éloigné du point de vente». A propos de la situation anarchique qui prévaut au sein du marché de Maktaâ Kheira, il indique que ce dernier a été construit suite à une décision du wali d'Alger. «Le wali a été scandalisé par la multitude d'égorgeurs qui squattaient les abords de la route nationale et qui laissaient des tonnes de plumes et de viscères en pleine nature». M. Kaidara ajoute que «c'est pour mettre fin à cette anarchie que la décision a été prise de construire le marché actuel en attendant de réaliser le nouveau». L'élu précise aussi que «pour éviter des manques à gagner à la commune et mettre fin à l'anarchie sur la question des locations, il y aura un adjudicateur qui sera chargé, entre autres, de percevoir les mensualités imposées aux commerçants qui occuperont les quelque 65 kiosques devant être construits». Avec conviction, le vice-président dira que «le projet sera mis en branle après Ramadhan».