Les éléments de la Gendarmerie nationale ont installé leurs points de contrôle au niveau des deux marchés de dinde, imposés par l'informel le long de la route Magtaâ Kheira, qui relie le pont de Mazafran aux wilayas de Blida, Médéa et Aïn Defla. Les vendeurs de dindes à la sauvette ne sont plus installés le long de cette route qui faisait parler d'elle durant les années 1990. Les gendarmes ne chassent plus ces vendeurs anonymes de dindes. Les autorités de la wilaya de Tipaza ont préféré aménager une espace dans lequel seront construits un local pour la chambre froide, un abattoir et un espace de vente de la dinde. Ce premier marché se trouve dans le territoire de la commune de Douaouda. Au 7e jour de Ramadhan, une foule immense s'était entassée dans cet espace dédié à la vente de la dinde, où les travaux sont en cours. Il fait chaud. Une nuée de mouches a envahi le lieu. Les étals de fortune sont achalandés de viande de dinde, qui n'est même pas protégée des mouches et de la poussière. L'abattage des dindes s'effectue sous les yeux des clients pris « dans le tourbillon » de la faim du Ramadhan. Le prix du kilogramme de dinde varie entre 180 DA et 240 DA. Les abats de dindes sont jetés sur le sol cimenté. Les vendeurs, sans exception, portent des vêtements sales et tachés de sang. Les grands couteaux s'échangent entre « les bouchers ». Une vingtaine de parasols ouverts tentent de faire de l'ombre sur la viande de la dinde. Ce décor ne semble pas du tout gêner « les clients mâles ». Il n'y avait aucune femme à l'intérieur de ce marché de dinde en cours d'aménagement. Chacun a trouvé son compte au milieu de cette nature polluée par des individus. C'est la précarité sociale qui a poussé ces gens à vendre de la dinde, sans s'inquiéter de l'état de santé des dindes. Une dinde vivante est proposée à 160 DA le kilogramme. Avec quels aliments les dindes ont-elles pris du poids ? A-t-on entendu parler de la grippe aviaire ? Pas de réponses à nos interrogations. A l'extérieur de ce marché, un parking est gardé par deux jeunes, qui encaissent l'argent des automobilistes, qui ont marqué une halte pour « faire » des affaires à l'intérieur de cet espace animé. Les éléments de la gendarmerie régulent le circulation des véhicules et procèdent à des vérifications des documents de voitures. Plus loin, cette fois-ci dans la commune de Mahelma, un autre marché de vente de la dinde a poussé en pleine nature. Quelques roseaux déterminent les limites des « magasins » de vente. C'est le même rituel pour abattre la dinde au milieu de la poussière. Les gendarmes se trouvent en face, sur la route qui mène vers Douéra et Koléa. C'est le même prix de vente qui est appliqué, et d'autres clients en grand nombre s'agglutinent autour de la viande de dinde. Si les autorités locales de Douaouda ont fait un effort pour aménager un lieu acceptable pour vendre de la viande de dinde dans des conditions d'hygiène acceptables, leurs homologues de Mahelma n'ont même pas entamé les travaux. « Nous avons l'autorisation de l'APC », nous répondent certains vendeurs. C'est le Ramadhan, tout est permis au détriment de la santé des populations. Les gendarmes, malgré leur bonne volonté, veillent à ce que les automobilistes achètent la dinde en toute sécurité.