C'est la pleine saison touristique sur les plages tunisiennes : ciel bleu, mer engageante, mais les touristes maghrébins, essentiellement algériens, ont écourté leur séjour à cause du mois de ramadhan. Tout le monde est rentré chez lui, les touristes étaient donc obligés de plier bagage, mais ils ont profité des vacances jusqu'à la dernière minute. C'est du moins ce que relève le bilan des autorités tunisiennes. Si les Européens sont toujours en Tunisie, les touristes algériens et libyens sont pour la grande majorité d'entre eux rentrés dès l'annonce du début du ramadhan. Durant les dix premiers jours du mois d'août, 60 000 touristes algériens étaient encore en Tunisie ; c'est du moins ce que nous a précisé Fawzi Basly, représentant de l'ONTT (office national du tourisme tunisien) en Algérie. Rien que pour le mois de juillet, 240 000 algériens ont séjourné en Tunisie, soit une augmentation de 24% par rapport à la même période de 2009. Pour le mois de juin, ils étaient 80 000 vacanciers, soit une hausse de 14% par rapport au mois de juin 2009. Notre interlocuteur nous a souligné que «même si beaucoup d'algérient sont rentrés chez eux, il se trouve qu'une minorité a opté pour des séjours en Tunisie en ce mois de ramadhan». Pour les professionnels du tourisme tunisien, le ramadhan qui tombe en cette période de l'année est un coup dur, quand on sait que sur les sept millions de visiteurs recensés en moyenne par an, trois millions viennent de deux pays voisins musulmans, la Libye et l'Algérie. L'exode a été immédiatement ressenti. De nombreux hôtels, restaurants et cafés sont à moitié vides, disent les responsables des sites touristiques. Il semble que la saison ait fini avant d'avoir commencé. Ils insistent tous pour rentrer, malgré les campagnes de publicité, les ristournes et les activités spécialement prévues pour eux. Les professionnels du tourisme tunisien ont pourtant multiplié les initiatives pour convaincre les croyants que ramadhan et vacances peuvent aller de pair. Les hôtels se sont organisés pour servir des repas spécial «ftour». Des soirées musicales ont été organisées. Plages et piscines restent ouvertes tard le soir pour permettre à ceux qui respectent le jeûne d'en profiter la nuit tombée. Le ministre du tourisme tunisien, Slim Tlatli, a indiqué que des taxis et des bus seraient mis à disposition afin de transporter les fidèles à la mosquée pour les «tarawih», les prières quotidiennes du soir, exécutées après celle de la Icha, pendant le mois de Ramadhan. Le manque à gagner se fera durement sentir en Tunisie. Le secteur touristique est le principal fournisseur de devises et le second employeur du pays après l'agriculture. Si rien ne change, la Tunisie risque, en raison du calendrier du ramadhan, d'être confrontée à cette désaffection dans les six ou sept années qui viennent.