Photo : Riad Par Badiaa Amarni Il est de tradition pour les familles algériennes de passer le Ramadhan chez elles à la maison, entourées de leurs proches, parents, et enfants. Cet évènement qui revient un mois par an a interrompu les vacances de ces familles car il est intervenu en plein milieu de la saison estivale et a écourté leur séjour au niveau des infrastructures hôtelières. Du coup, ces dernières sont désertées et le taux d'occupation des structures d'hébergement a chuté de façon drastique. La majorité des hôtels publics et même privés de la côte ouest d'Alger où nous nous sommes rendus étaient quasiment déserts. Point de clientèle dans ces endroits, et ce, malgré des offres promotionnelles de l'ordre de 50%. Ces offres n'ont pas réussi à inciter les familles à rester poursuivre leurs vacances. Car rares sont les derniers estivants qui y séjournent encore ou qui s'y rendent. La majeure partie des personnes qui logent dans les hôtels représente une clientèle d'affaires qui vient pour un maximum de 2 à 3 jours. Elle transite le temps de régler ses affaires avant de rentrer chez elle. Un taux d'occupation de 30% à l'EGT de Sidi Fredj Certaines familles ont également pris la décision de rester mais elles ne sont pas nombreuses. L'EGT de Sidi Fredj (entreprise de gestion touristique) enregistre une baisse considérable de la clientèle. Les quatre structures qui la composent (El Manar, El Marsa, Centre touristique Azur Plage et le centre touristique) affichent à peine une moyenne de 25 à 30% de taux d'occupation en ce mois de Ramadhan, alors qu'il était de 100% en juillet, nous explique M. Benmeddour Ahmed, directeur de l'hôtel El Manar et du Casif. Des promotions de 50% et parfois plus sont pourtant appliquées depuis le premier jour du Ramadhan. «50% c'est très important comme remise accordée mais les familles ne sont pas nombreuses à venir», souligne notre interlocuteur convaincu qu'«il ne s'agit pas seulement d'une question de prix mais du fait que la majorité des Algériens ont la tradition de passer le Ramadhan à la maison». Ceci étant, «et comparativement au précédent Ramadhan 2009, il y a un peu plus de monde cette année», dira le directeur d'El Manar qui espère voir encore plus de monde au Ramadhan prochain qui coïncidera une fois de plus avec la saison estivale. Pour inciter les familles à revenir après le Ramadhan, M. Benmeddour nous fait savoir que les deux et trois dernières semaines du mois de septembre verront l'application d'une baisse des prix encore plus importante. Les hôtels de l'EGT de Sidi Fredj passeront à des tarifs de basse saison (saison hivernale). Si le prix d'une chambre en demi-pension à l'hôtel El Manar est de 3 444 DA en été, il est de 1800DA au mois de Ramadhan à 1800 DA. Un prix qui sera encore revu à la baisse en septembre pour les vacanciers retardataires qui aiment la plage. Même chose pour l'hôtel El Marsa où la chambre est louée en pleine saison estivale à 4 634 DA en demi-pension pour chuter à 2 300 DA avec les tarifs spéciaux Ramadhan. Des réservations sont déjà faites pour la première semaine de septembre notamment pour l'hôtel El Marsa et Azur plage, nous apprend le directeur de l'hôtel El Manar.A l'hôtel El Marsa, à titre d'exemple, le taux d'occupation atteint tout au plus 5 à 6% en ce mois de jeûne alors qu'il était complet en été, explique son directeur M. Cherifi. Des missionnaires passent par là. Mardi dernier, un groupe de hadjis en partance pour une omra y a passé la nuit. M. Cherifi nous a même appris que l'hôtel a soumissionné pour accueillir l'édition du prix spécial Ramadhan des petits récitants du Coran qui se déroulera la dernière semaine de ce mois sacré. Si l'hôtel est choisi, il renouera avec plus d'activité. Une vingtaine de chambres louées à l'hôtel Riadh Du côté de l'hôtel Riadh qui a pour habitude de fermer en plein Ramadhan, environ une vingtaine de chambres sont encore louées par des familles. Le taux d'occupation qui était de 90% en juillet a chuté pour atteindre 15 à 20% au plus actuellement. Selon un des responsables que nous avons rencontrés, l'hôtel offre une réduction de tarifs de presque 50%. Une baisse qui n'a pas pour autant attiré beaucoup de monde. Malgré cela, le groupe qui est resté a réussi à créer un petit mouvement au sein de cet établissement où le restaurant offre des mets spécial Ramadhan avec des plats traditionnels algériens mais aussi des menus variés choisis de la gastronomie libanaise, turque, etc. Une ambiance accentuée par la mise en place de deux kheïma, une à ciel ouvert, et l'autre au niveau de la salle de conférence.«Au lieu de fermer carrément comme avant, une tradition commence à s'installer», signale notre interlocuteur.Même du côté des établissements hôteliers privés, le Ramadhan a bloqué l'activité touristique et c'est le calme plat partout où on est passé. L'hôtel El Raouf de Staouéli est en train de vivre cette situation. Malgré une promotion tarifaire de 50%, le taux d'occupation de cette structure est à son niveau le plus bas. A l'exception de quelques étrangers en mission en Algérie, seuls certains clients nationaux de passage à la capitale viennent y passer la nuit. M. Abdelhak responsable au niveau de cet hôtel n'a pas manqué de confier que même la saison d'été n'a pas drainé beaucoup de monde pour différentes raisons, entre autres l'absence de plages, étant donné que certaines sont fermées au grand public au niveau de cette région d'Alger.Si à l'hôtel El Raouf, c'est le calme plat, son voisin l'hôtel El Mehdi a réussi à combler le vide de la saison estivale, freinée par le Ramadhan, avec les équipes sportives qui séjournent régulièrement. Le personnel parle même d'«un taux d'occupation de 100%». A l'heure actuelle, «la structure affiche complet avec la présence des sportifs, et les réservations juste après l'Aïd ne manquent pas», toujours selon le personnel.En tout cas, mis à part les promotions spécial Ramadhan au niveau de nombre de ces hôtels, l'animation est enregistrée uniquement à l'hôtel Riadh avec ses deux kheïmas mais aussi à Sidi Fredj où les citoyens reviennent se balader après le f'tour au niveau du port où des jeux pour enfants sont mis en place, en plus des balades à dos de chevaux et de poney, ou encore en bateau. Comme à l'accoutumée, glaces, cacahuètes et thé sont servis à la clientèle qui vient nombreuse et dont une majorité préfère se rendre à la plage, couffin à la main chargé de provisions.Si actuellement, les familles algériennes sont réticentes à l'idée de fréquenter les hôtels en plein mois de Ramadhan, il reste qu'une culture semble s'installer dans ce sens. D'autant que le mois sacré du jeûne va revenir plusieurs fois en été les années à venir.