Près de 1 million de touristes algériens se rendent chaque année en Tunisie pour profiter des vacances d'été. Le touriste algérien est considéré parmi les plus dépensiers, notamment avec l'amélioration du pouvoir d'achat et l'émergence d'une nouvelle classe moyenne. Le touriste algérien dépense en moyenne 500 dollars par semaine. Les touristes algériens choisissent, pour la plupart, de résider dans des appartements et villas meublés en bord de mer. Fawzi Basly, le directeur de la représentation de l'office national du tourisme tunisien (ONTT) à Alger estime que les algériens aiment sortir, consomment et dépensent de l'argent. Ils s'amusent, font du shopping et sortent avec leurs enfants. Ils partent en Tunisie pour s'éclater à grands frais. Selon le même responsable, parmi les 1 million d'algériens qui visitent la Tunisie durant les 12 mois de l'année, 35% d'entre eux y séjournent durant la saison estivale. «Le flux des algériens ne s'arrête pas, c'est un tourisme de toute l'année», explique-t-il. La Tunisie, qui a fait de cette activité une véritable industrie est en train de gagner des points en termes de qualité et de diversité des services face à une clientèle de plus en plus exigeante. Au-delà du balnéaire qui attire la quasi-majorité des touristes, le pays voisin veut désormais attirer le plus de visiteurs tout au long de l'année en faisant la promotion des soins thalasso et en misant sur le tourisme résidentiel qui semblent intéresser la clientèle algérienne. Nombreux d'ailleurs sont les algériens qui louent des maisons en Tunisie. Plus de 40% des algériens choisissent de louer des maisons privées. La moyenne du séjour des algériens en Tunisie, selon M. Basly est de 10 jours, généralement dans des hôtels 4 et 5 étoiles. Les prix des séjours proposés sont à partir de 15 000 DA par personne : «Nous voulons satisfaire toutes les bourses, notre touriste peut passer un séjour agréable selon ses moyens et sa capacité de dépense», a indiqué M. Basly qui nous a expliqué qu «ceux qui ont les moyens peuvent passer des séjours de rêve dans des palaces, alors que d'autres ont la possibilité de passer des vacances dans des auberges de jeunes ou des camp de vacances». On constate que ces derniers temps, les algériens optent pour les campings au bord de la mer. «Nous constatons une forte demande pour ce produit, de la part des touristes en quête d'aventure et d tourisme de plein air», estime notre interlocuteur. Ramadhan : une nouvelle option pour vendre Interrogé sur le fait que la période estivale a été rétrécie par deux événements importants (coupe du monde et ramadhan), le représentant tunisien estime que cela n'aura pas du tout d'impact, «bien au contraire, car la demande de séjour avant ramadhan a été quasiment doublée, nous allons pouvoir travailler avant Ramadhan». Pour la coupe du monde, tout a été pris en charge, les autorités tunisiennes ont mis en place des écrans géants en plein air au niveau des grandes villes touristiques, au niveau des hôtels, des restaurants, au niveau des espaces de repos… Cette année les tour-operators étaient dans l'obligation d'adapter leur agenda et calendrier afin de faire face à une nouvelle donne, à savoir le mois de ramadhan. Même si les autorités tunisiennes ont concocté un riche programme à l'occasion du mois de ramadhan qui interviendra au milieu de l'été, la demande n'est pas très importante, une minorité d'algériens a opté pour des vacances en Tunisie durant le ramadhan. M. Basly souligne que certains hôtels ont prévu de programmer des buffets spécialement pour la rupture du jeûne et des spectacles le soir animés par des troupes musicales traditionnelles. Des navettes reliant hôtels et mosquées ont été programmées afin de permettre aux touristes algériens et autres d'accomplir la prière du «taraouih». Les professionnels du secteur ont anticipé afin de mettre en place un programme spécial Ramadan-tourisme adapté à la clientèle algérienne en particulier, et maghrébine en général, dans un cadre qui «répond à cette période, mais aussi aux goûts». M. Basly a mis en avant le travail en profondeur des tour-operators algériens et afin de prendre en charge tous les aspects, commencer par le choix de l'hôtel, du produit, de l'environnement et surtout l'aspect diététique afin de répondre au mieux et concrètement aux clients algériens soucieux de passer des vacances en plein ramadhan. «Nous devons travailler davantage pour que le mois de ramadhan soit plus ou moins un mois où le tourisme bat son plein», renchérit notre interlocuteur. Désormais, le mois de ramadhan n'est plus une contrainte, mais un argument de vente du produit tunisien. Les contrôleurs frontaliers renforcés La grande majorité des algériens qui se rendent en Tunisie le font par voie terrestre. 800 000 algériens se rendent chaque année par la route. Il y a en moyenne 7000 voitures/jour qui y transitent. En prévision du rush attendu cet été, explique M. Basly, les autorités concernées par la promotion du tourisme en Tunisie ont pris leurs dispositions pour améliorer le passage des Algériens sur le territoire tunisien à travers les différents postes frontaliers. Notre interlocuteur précisera que les moyens humains ont été renforcés. Les régions tunisiennes qui connaissent un rush durant l'été sont Sousse, Hammamet, Djerba… En 2009, le nombre de touristes algériens qui ont visité la Tunisie a atteint environ les 1 million de personnes. Pour cette année, le tunisiens tablent sur le même chiffre puisque M. Basly sur un ton optimiste nous a précisé que même avec la coupe du monde et l'avènement du ramadhan, nous allons accueillir le même nombre d'algériens sur le territoire algérien.