De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani A Annaba, la saison estivale, qui a plié bagage il y a déjà près d'une semaine, n'a pas vraiment été une «affaire» pour les hôteliers, les restaurateurs, les commerçants et même les estivants cette année. Pourtant, ce n'est pas faute d'organisation ou de moyens mobilisés pour réussir cette saison. Les responsables s'y étaient préparés pendant des mois et s'étaient pleinement investis pour que Annaba retrouve son aura d'antan et attirer ainsi un plus grand nombre de touristes. Des travaux de réaménagement avaient été réalisés dans les délais, des contrôles stricts avaient été effectués au niveau des établissements hôteliers et le plan qualité tourisme arrêté depuis 3 ans avait été suivi. La ville avait fait peau neuve, les façades repeintes en bleu et blanc, les trottoirs refaits et les voies goudronnées et tout était prêt pour accueillir dans les meilleures conditions les visiteurs venus des quatre coins du pays et ceux qui reviennent de l'étranger pour y passer quelques jours. Un riche programme d'animation avait été concocté avec le concours de la direction de la culture et les services de la commune pour agrémenter les soirées des estivants et les inciter à séjourner encore plus longtemps. Durant le mois de juillet, Annaba et ses côtes ont connu une affluence importante et des milliers de touristes venus de l'intérieur du pays et des wilayas voisines avaient quelque peu donné des couleurs à une saison que les signes avant-coureurs donnaient pour compromise par le fait d'un mois de Ramadhan qui pointe à l'horizon, les gens s'y préparaient déjà, reléguant au second plan les vacances ou les réduisant au plus à une semaine. Très vite, l'activité a chuté et le chiffre d'affaires des établissements a baissé de plus de la moitié. On aurait dit que la basse saison était déjà de retour. «D'habitude, nous confie un hôtelier, mon établissement affiche complet pendant près de 3 mois et j'essaye d'arranger le plus de clients possible. Cette année, c'est le temps des vaches maigres et j'ai dû licencier des employés qui ont toujours travaillé avec moi pendant la saison estivale. C'est malheureux, mais c'est comme ça.» Du côté des restaurateurs, des paillotes et des kiosques installés en bord de mer, c'est à peu près la même chose, on se plaint de la baisse d'activité. «Ce n'est pas comme les années précédentes, le nombre d'estivants a sensiblement baissé et on enregistre des pertes allant jusqu'à 50%. Ça va être ainsi pendant les 4 ou 5 ans à venir puisque le Ramadhan arrive au beau milieu de la saison estivale, ce qui compromet la saison. L'activité est retombée et on arrive à peine à rentrer dans nos frais», a déclaré un tenancier. Sur le cours de la Révolution, cœur battant de la ville de Annaba, Chawki, patron d'un des kiosques à glaces regrette que la saison qui vient à peine de démarrer soit écourtée, mais en bon musulman il accepte : «C'est le mois de Ramadhan et il faut le respecter, c'est ce qui nous différencie des autres, une saison de perdue et alors. On se rattrapera, nous avons tout le temps devant nous et on travaillera encore plus.» Dans la journée, la ville est quasi déserte, la chaleur torride du mois d'août a chassé tout le monde, quelques piétons attardés se dépêchent de rentrer chez eux. Ce n'est que le soir après le f'tour que la ville commence à s'animer et retrouver un petit peu son rythme d'avant. De l'avis des professionnels du secteur, cette saison n'a pas été vraiment bonne mais on garde quand même espoir.