L'artiste nous suggère des «paysages humains», l'élan vers l'amour et l'enfance, tout ce qui porte dans le geste les plus belles impulsions du cœur. A travers ces œuvres, Chegrane rend l'hommage à la femme dans toutes ses activités et tente alors de ranimer dans ses toiles les printemps disparus. Femmes - symboles, Femmes paix, Femmes aux oranges agrémentés d'Aouchams. Les tons se pénètrent avec des accords profonds, dans une harmonie en couleurs. Rouge cramoisi, vert, orange baignent dans du bleu. On verra alors les faces, les ombres transparentes se colorer, où un ton ne se répète jamais identique à lui-même, mais imposer sa domination par des rappels discrets… Une symphonie spontanée. Chegrane peint la nature morte, les fruits méditerranéens et les traditions du pays Nature morte et tapis, Casbah, Nature morte, dans un style semi-figuratif. Des séquences de l'héritage ancestral, source intarissable des images jaillies de la mémoire en éclairant surtout les traditions populaires, découvertes sans doute dans son enfance, idée chère à M'hamed Issiakhem pour laquelle d'ailleurs Chegrane lui rend un hommage par cette exposition. C'est le regard «bleuté» de l'artiste qui fait que les énergies vitales de la nature observée éclatent dans ses tableaux en flammes fortes en couleur ou bien s'enferment dans des formes géométriques stables. Après avoir assimilé essentiellement l'influence d'Issiakhem, Chegrane arrive à une vision personnelle, synthèse du penchant à la construction et à la permanente effusion lyrique du genre proche de l'expressionnisme. Noureddine Chegrane est un ancien élève de M'hamed Issiakhem. Il a exposé dans différentes régions du pays et à travers le monde. La peinture de Chegrane est chargée de symboles. Le peintre tient à créer par les couleurs une atmosphère pleine de tension par les formes amples, épurées de détails, rigoureusement inscrites dans la composition ou se crée un jeu de courbes et de contre-courbes. Entre le détail et l'ensemble s'établit une relation subtile (tatouage, dessins de poésie, de tapisserie, écriture en tifinagh…), donnant à l'œuvre une sorte de «vapeur» métaphysique qui ne fait qu'approfondir la connaissance de la réalité représentée. Chaouia, Deux sœurs, Nostalgie, Espoir. Les lignes courbes, ondulantes et continues peuvent à elles seules dire les flux, les reflux, les élans et les chutes, les repos et les efforts de ces femmes dans les travaux des champs, femmes portant un enfant sur le dos. Dans ce paysage bleu qui s'enfonce, leur corps prend un éclat de soleil, lueur chaude… c'est la symphonie populaire.