«Ce mois de Ramadhan a été le pire mois que nous ayons passé depuis le lancement de notre usine de production laitière. La pénurie de lait fait des ravages sur le marché depuis plusieurs jours alors que la consommation de ce produit enregistre une hausse considérable», nous révèle un producteur de lait de la wilaya de Aïn Témouchent. Il affirme que les trois laiteries privées existant dans cette wilaya ne peuvent plus répondre à la demande exprimée vu la faiblesse des quotas accordés par l'Onil. «Nous sommes trois laiteries, nous avons un quota global de 42 tonnes seulement, ce qui est nettement inférieur à la capacité de nos usines mais également à de la densité de la population», a-t-il encore expliqué. «Mon usine a une capacité de production de 45 tonnes mensuellement. Mon quota est limité à dix tonnes, ce qui fait que je travaille 5 jours par mois», dira-t-il encore. Concernant le prix du lait qui a augmenté à 45 dinars dans l'ouest du pays, ce producteur dénonce cette situation dramatique due essentiellement à la pénurie du produit qui a provoqué toute cette spéculation faisant du consommateur la véritable victime. «Nous cédons le lait à son prix fixé par l'Etat, nous n'avons opéré aucune augmentation. C'est la pénurie qui crée cette situation. La forte demande sur le lait a été l'occasion propice pour des gens de profiter de cette situation», a-t-il encore ajouté. Désespéré, ce producteur relève également le problème de l'approvisionnement. «J'ai eu la chance d'avoir mon quota complet, contrairement à beaucoup d'opérateurs, mais pour l'avoir j'ai dû faire le tour de l'Algérie. Je prends une partie de Mostaganem, une partie d'Alger et une autre de Tizi Ouzou et parfois je me déplace jusqu'à l'est pour l'avoir. Tout cela me revient très cher. Parfois je pense à arrêter cette activité pour n'avoir plus de soucis», a-t-il encore indiqué. La deuxième partie des quotas non livrée ! Au centre et à l'intérieur du pays, les producteurs affirment n'avoir toujours pas eu leur deuxième partie du quota du mois sacré alors qu'ils ont été forcés de payer la totalité de la somme couvrant cette quantité. «Je devais avoir 140 tonnes pour couvrir toute la région mais je n'ai eu que 70 tonnes. J'attends qu'on m'appelle pour avoir la deuxième partie», a expliqué un producteur de l'intérieur du pays. Pour lui, la seule explication donnée à cette situation est le manque de poudre de lait chez l'Onil. «Sinon comment expliquer ce retard d'approvisionnement. Nous sommes à moins de neuf jours de la fin de ce mois et la poudre n'est toujours pas dans les usines. Personnellement, j'ai dû acheter la poudre chez des privés pour éviter la pénurie et la tension enregistrée dans plusieurs régions», a-t-il encore expliqué. A Médéa, la population n'a pas trouvé le lait pasteurisé sur les étals depuis trois jours. Un problème survenu entre la DCP et les distributeurs a été à l'origine de ce problème. «Les distributeurs récupèrent le lait à 1 heure du matin de l'usine. Ils passent déposer le lait devant les magasins à 4 heures du matin avant que les commerçants ne le récupèrent en début de journée. Les agents du contrôle passent la matinée et commencent à déchirer les sachets de lait. Ça a duré plusieurs jours. Les commerçants ont refusé de payer ce lait qu'ils n'ont pas vendu. Les distributeurs ont cessé de ramener du lait à la région», nous explique un producteur qui souligne qu'une réunion devait avoir lieu aujourd'hui pour régler le problème. «Nous avons pensé à livrer nos camions pour donner du lait mais le problème de circulation de ce type de véhicule durant la journée se pose également pour nous», a-t-il encore expliqué. La même situation est constatée à l'est du pays. Les producteurs affirment que la région du centre du pays est bien sécurisée en matière de production et d'approvisionnement. «Il devait y avoir une révision des quotas et une bonne distribution durant le Ramadhan. Rien de tout cela n'a été fait», ont-ils encore ajouté en soulignant la discrimination faite entre les laiteries privées et publiques. «Ces dernières disposent de stocks de sécurité alimentés par l'Onil alors que le privé n'a même pas son quota dans les délais arrêtés», ont-ils encore affirmé.