Le «programme d'urgence» visant à éradiquer les îlots d'habitats précaires recensés au niveau des deux communes de Annaba et d'El Bouni, et qui représentent quelque 17 000 habitations, auquel a appelé l'an dernier le wali pour lesdites communes de Annaba et d'El Bouni, a été confié pour étude à plusieurs bureaux spécialisés. On signale que les travaux entrant dans le cadre de ces études ont été retardés à cause des fausses déclarations des résidents. En tout état de cause, le président de l'APC de Annaba a procédé en octobre de l'année passée à une vaste opération de lutte contre l'habitat illicite, qui a d'ailleurs été suivie personnellement par le wali. Elle aura concerné la démolition de 80 constructions situées au niveau de 4 des 5 secteurs urbains que compte cette commune de 750 000 âmes. Les représentants des comités de quartiers étaient montés au créneau, à cette époque, pour dénoncer ce qu'ils qualifient de politique de deux poids, deux mesures, pratiquée par les pouvoirs publics locaux. Selon Smain Dorbani, président de l'Union des associations des quartiers de la wilaya de Annaba (Uaqwa), il y aurait maldonne dans l'exécution de l'action visant l'éradication de l'habitat illicite et de son pendant l'habitat précaire. Revenant sur cette action, Smain Dorbani s'étonne du fait que «d'un côté, on démolisse les constructions illicites, et que de l'autre, on délibère pour agresser l'environnement et le cadre de vie». Faisant référence à la préservation des habitations de la Médina et de la place d'Armes de Annaba ainsi que de certains quartiers considérés à tort ou à raison comme faisant partie du patrimoine culturel de cette ville millénaire, le président de l'Uaqwa fait état d'un certain nombre de décisions et d'autorisations accordées à des tiers, au mépris de la loi et sans étude préalable de l'impact que celles-ci pourraient avoir sur le vécu des habitants. La lettre de protestation, qui vise particulièrement le vice-président de l'APC chargé de l'urbanisme, cite une décision prise unilatéralement par ce dernier quant à la démolition de constructions illicites qui abritent des familles depuis plus de 20 ans à la cité Zamouli Abdelbaki. Ces familles au nombre de 8 sont actuellement hébergées au niveau d'un centre de transit de la Plaine ouest et attendent comme des dizaines d'autres que les enquêtes dites de terrain de la commission ad hoc communale soient achevées pour pouvoir prétendre à un toit à l'occasion de la prochaine distribution de logements sociaux prévue fin novembre, début décembre 2009. Evoquant le financement des opérations de réhabilitation du vieux bâti, qui concerne un peu plus de 1200 logements entre publics et privés, le président d'APC a été catégorique en déclarant qu'il est pratiquement impossible pour la commune de puiser dans ses fonds pour une telle entreprise. «Nous ne disposons que de 11 milliards de centimes dans le budget communal d'équipement que nous ne pouvons utiliser bien évidemment dans ce cadre. De plus, le programme de restauration nécessite des fonds autrement plus conséquents pour être mené à bien», affirme notre interlocuteur. Et de préciser : «L'organisme de contrôle technique de contrôle de la construction est a été retenu pour procéder à l'expertise de l'ensemble des immeubles et des bâtisses anciens de la ville de Annaba contre une enveloppe de 5,6 milliards de centimes. Cette opération, qui devrait concerner tout le patrimoine du vieux bâti de la ville datant notamment du XIXe siècle, est pilotée par le ministère de l'Habitat et devait s'achever en novembre 2009, mais on enregistre quelque retard, ce qui fait qu'elle se prolongera encore jusqu'à la fin de l'année 2010, de toute évidence. Au niveau de la direction de wilaya de l'urbanisme, on estime que ce seront 8700 bâtisses qui seront expertisées par les techniciens du CTC. Ainsi, les immeubles des quartiers la Colonne, Usine à gaz, Didouche Mourad ou encore une partie du centre-ville de Annaba seront soumis à des tests qui détermineront s'ils peuvent faire l'objet d'une réhabilitation ou si, au contraire, ils seront définitivement voués à démolition.