Près de 370 250 enseignants ont repris hier le chemin de l'école dans un climat d'inquiétude et d'appréhension en attendant que la rentrée des classes se fasse juste après l'Aïd pour plus de 8 millions d'élèves. C'est en tout cas le sentiment qu'ont affiché les syndicats autonomes au premier jour consacré à la signature des PV, une occasion aussi pour les enseignants d'évoquer les primes promises par la tutelle pour avant l'Aïd et les luttes qui les attendent. «Les esprits sont ailleurs à l'occasion de la première journée consacrée à la signature des PV», affirme Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), dans une déclaration au Temps d'Algérie, ajoutant que les enseignants sont pour l'heure préoccupés par les rappels de 2009 promis pour avant l'Aïd par le ministre. «Nous avons dit que c'est notre compte CCP qui déterminera la rentrée», rappelle encore le même interlocuteur qui révèle que le CLA tiendra demain son conseil national. «Nous allons tracer notre programme d'action et voir comment rebondir après la rentrée des élèves», explique Achour Idir qui affirme que le boycott de la rentrée scolaire et envisageable et sera discuté au cours du même conseil. «Des contacts sont en cours avec d'autres syndicats pour d'éventuelles actions communes», révèle également la même voix qui battra en brèche les déclarations tantôt rassurantes tantôt provocatrices de Benbouzid. S'il confirme que certains enseignants ont commencé à percevoir les rappels ainsi que la paie du mois de septembre, il considérera «les retards» comme une forme de division et de confusion. Idir jugera par contre d'«inconscience juridique» la menace de Benbouzid d'exclure les enseignants ayant cumulé 3 absences non justifiées. «Certains enseignants ont même évoqué hier entre eux l'éventualité de répondre à Benbouzid par une grève de 3 jours dès la rentrée», révèle Messaoud Boudiba chargé de la communication au sein du Cnapest, qui affirme pour sa part que le conseil national du syndicat se tiendra dans la semaine qui suit la rentrée des classes au cours duquel «seront discutées toutes ces inquiétudes». Il révélera que l'action syndicale reprend dès aujourd'hui avec des AG au niveau des lycées avant la tenue dans les prochains jours des conseils de wilaya qui présenteront ensuite les rapports au conseil national. «Il y a une véritable tension au sein de la famille des enseignants», tranche Boudiba qui rappelle que tant que des dossiers restent en suspens et le ministère continue à fermer la porte du dialogue, c'est la voie de la contestation qui est privilégiée. L'administration satisfaite Côté tutelle, l'on affirme que tout est fin prêt pour une rentrée «sans heurts», dans la mesure où «les revendications des enseignants ont été satisfaites», y compris celle relative au manque d'enseignants, qui sera comblée à la faveur du concours qui aura lieu ce mois. L'on mettra aussi en évidence le renforcement de l'encadrement pédagogique avec le recrutement de plus de 23 000 nouveaux enseignants et près de 1000 nouveaux cadres d'inspection pédagogique et de formation ou encore les importantes enveloppes budgétaires pour mettre sur le marché 60 millions de manuels scolaires ou renouveler l'immobilier scolaire. Nonobstant les efforts consentis par les pouvoirs publics pour faire de la rentrée scolaire «un évènement», tout porte à croire qu'à la lumière des déclarations «contradictoires» du ministre du secteur et de la volonté des syndicats autonomes de «ne pas se laisser faire», le bras de fer qui oppose ces deux parties depuis déjà un certain nombre d'années n'est pas près de connaître son épilogue.