«Ce ne sont pas des miséreux, des pauvres ou des indigents, mais nous préférons les classer sous le vocable de couches sociales défavorisées», dira un responsable de la direction de l'action sociale à Oran quand nous l'avons sollicité pour avoir une idée sur le nombre de familles vivant dans le dénuement recensées dans la wilaya. Cette source que nous avons sollicitée, qui nous a exigé un ordre de mission et une autorisation de la direction pour nous fournir les informations, s'est montrée tout de même disponible en affirmant que le nombre de familles vivant sous le seuil de pauvreté avoisine les 40 000. «Nous avons recensé ce nombre notamment dans les communes rurales. Pour réaliser cette mission, nous avons sollicité les structures communales qui sont plus proches de citoyens», affirme la même source, qui ne manquera pas de préciser que la majorité de ces familles démunies vivent dans ce que les sociologues appellent communément la ceinture de la misère et qui s'étend aussi bien dans la banlieue est qu'ouest du chef-lieu de wilaya. Plusieurs associations ont tenté d'établir le nombre exact des nécessiteux mais les mouvements migratoires qu'a connus Oran, notamment durant la décennie du terrorisme, ont biaisé les chiffres. «Notre action est entravée par des indus bénéficiaires de l'aide sociale accordée par l'Etat. Nous avons sollicité les structures communales pour procéder à l'assainissement des listes pour exclure les fraudeurs, et à ce jour l'action est toujours en cours», affirme la même source. Il y a quelques jours, des associations ont tenté de lancer une campagne de recensement des démunis, mais l'opération a été contrariée par l'intrusion de certains indus bénéficiaires rendant ainsi les résultats de leur action aléatoires. L'association Solidarité et espoir, qui active dans le domaine de l'action sociale, notamment durant le Ramadhan et la rentrée scolaire, a connu beaucoup de déboires qui ont failli réduire à néant ses efforts. «Nous avons tenté d'établir un fichier des familles nécessiteuses vivant dans la commune d'Oran et sa périphérie, mais nous avons été induits en erreur par des fraudeurs qui ont, sur la base de faux documents de résidence, bénéficié d'aides alors que certains ne sont même pas dans le besoin», affirme la présidente de cette association. En attendant, notre source, qui a préféré garder l'anonymat, tente, en usant d'euphémisme, d'édulcorer la situation en affirmant que la pauvreté est réduite à sa plus petite proportion à Oran, préférant au contraire parler de vulnérabilité sociale qui, elle, est visible dans toutes les communes de la wilaya. «Il existe des familles qui se nourrissent des poubelles, un tour au marché de la bastille, et le spectacle d'enfants et de femmes fouillant dans les légumes et fruits jetés par les commerçants, édifieront même les plus sceptiques», affirme le président d'une association de solidarité sociale du quartier Ibn Sina.