La gestion des mosquées est-elle en train d'échapper aux autorités dans la wilaya de Boumerdès ? Tout porte à le croire. Et pour cause, une source proche de la direction des affaires religieuses et des wakfs a révélé récemment que «pas moins de 64 mosquées informelles dont le contrôle échappe au contrôle de l'Etat ont été recensées à travers la wilaya de Boumerdès». Ces lieux de culte ont été pour la plupart construits anarchiquement en tôle ou en parpaing au niveau des cités d'habitations, au lendemain du séisme de 2003. Aujourd'hui ? Ils sont gérés par les salafistes qui ont en fait des lieux idéals pour prêcher leur idéologie. Ces derniers qui agissent comme bénévoles s'adonnent en effet à un jeu dangereux qui risque d'avoir des conséquences fâcheuses à court et moyen terme sur la vie de la collectivité. La daïra de Bordj Menaïel compte à elle seule pas moins d'une dizaine de salles de prières érigées pour la plupart sans aucune autorisation dans les différents quartiers de la circonscription, tels que Bousbaâ, Lahsida... Les responsables de la direction des affaires religieuses et des wakfs ont de tout temps rejeté la balle, arguant «avoir alerté les services concernés pour la démolition des salles qui ne répondent pas aux normes et aux attentes des fidèles». En vain. Nos sources précisent par ailleurs que la wilaya dispose actuellement de 395 mosquées agréées dont 96 sont en cours de réalisation. Un nombre qui a presque doublé durant cette dernière décennie puisque en l'an 2000 la wilaya ne disposait que de 196 mosquées. Il y a une année, certains élus de l'APW ont même interpellé les pouvoirs publics sur les multiples dérapages des islamistes qui ont imposé leur diktat dans plusieurs mosquées de la région. Ces salafistes qui véhiculent les idées des islamistes radicaux créent d'énormes problèmes au niveau de ces lieux cultuels. Ils s'ingèrent dans les affaires des imams sur lesquels ils exercent des pressions en les intimidant afin de les pousser à jeter l'éponge pour laisser place à ceux qui partagent leurs idées. Ces manœuvres qui ne cessent de prendre de l'ampleur au vu et au su des autorités sèment également une grande division entre les fidèles et nourrit les divergences qui finissent toujours mal. Ce phénomène, qui risque de porter un sérieux coup à la lutte antiterroriste menée sans répit par les forces de sécurité dans les maquis, semble ne pas encore être pris au sérieux par les autorités à tous les niveaux de la hiérarchie. La direction des affaires religieuses aurait saisi les autorités en leur transmettant un dossier détaillé sur la situation des «moussallate» réalisées sans aucune autorisation par des salafistes après le séisme de 2003 afin de les démolir et construire des mosquées conformes aux normes au niveau des sites des chalets. Mais rien n'est fait jusque-là. Il y a une année, le ministère a chargé une commission pour enquêter sur ce phénomène, mais celle-ci a éprouvé d'énormes difficultés pour mener à bien son travail, apprend-on encore.