La question de la gestion et de l'encadrement des mosquées est à nouveau posée. C'est le cas de le dire à Boumerdès où des élus de l'APW n'ont pas manqué d'interpeller les pouvoirs publics sur certains dérapages des islamistes. Lors de la réunion tenue avant-hier pour l'examen du bilan annuel de l'année 2008, un élu du MSP aujourd'hui membre du MPC (Mouvement de la prédication et du changement) qui a soulevé ce problème en évoquant la situation de nombreuses mosquées de la wilaya qui sont sous l'emprise des salafistes. “Ces groupes de salafistes qui se sont emparés des mosquées représentent une réelle menace pour la cohésion et l'union des fidèles”, a indiqué l'intervenant qui a fustigé la direction des affaires religieuses la rendant responsable de cette situation. “De nombreux problèmes ont été créés par ces gens et beaucoup d'imams sont victimes des agissements de ces personnes, mais malheureusement les responsables de la Direction des affaires religieuses ne réagissent pas”, a ajouté le même élu qualifiant la situation de préoccupante voire dangereuse. Interrogé en marge de cette réunion, le directeur des affaires religieuses, dont l'intervention est attendue officiellement demain (mercredi) pour répondre à cette interrogation, a reconnu l'existence de ce courant salafiste dans les mosquées et dans les moussalate de la wilaya et précise que leur implantation et leur enracinement se sont amplifiés au lendemain du séisme du 21 mai 2003. Le même responsable précise que de nombreuses moussalate ont été mises en place sans aucune autorisation au niveau des sites de chalets durant cette période. Et il ajoute que “la gestion et le contrôle des moussalate qui se sont amplifiées après le séisme du 21 mai 2003 ne relèvent pas de la Direction des affaires religieuses”, précisant qu'une moussala est en principe gérée par l'entreprise ou l'administration où elle est implantée. Le directeur ajoute qu'il avait remis un dossier complet sur la situation des mosquées et des moussalate. La Direction des affaires religieuses aurait saisi, en vain, les autorités locales leur demandant de prévoir des mosquées au niveau des sites des chalets. Mais devant le vide juridique, des moussalate de fortune ont été érigées parfois avec de la tôle et du zinc et font office de mosquées. La plupart sont dirigées par des salafistes qui assurent, par ailleurs, le contrôle de presque la moitié des 130 mosquées recensées au niveau de la wilaya de Boumerdès. Les associations religieuses n'échappent pas aussi à l'hégémonie des salafistes dont ils assurent aussi la gestion et le contrôle. De nombreuses associations de la wilaya d'Alger et de Boumerdès sont passées ces derniers temps sous la coupe des salafistes. Des imams exerçant sous l'égide du ministère des Affaires religieuses sont soumis à de fortes pressions par ces groupes qui finissent jusqu'à ce qu'ils jettent l'éponge laissant ainsi la place à des imams et à des prêcheurs proches des salafistes. La pression exercée sur les imams vire parfois à l'agression physique et certains d'entre eux ont été obligés de fuir les localités où ils exercent pour échapper aux menaces et aux intimidations. Les inspecteurs qui ont été chargés par le ministère des Affaires religieuses de contrôler ces mosquées ont éprouvé de nombreuses difficultés pour mener à bien leur mission, explique un élu de l'APW. Celui-ci nous révèle que certaines grandes mosquées sont dirigées à 100% par des salafistes et on y trouve même des livres et des cassettes prêchant le salafisme, précise-t-il. À Alger comme dans certaines régions du pays, des salafistes sont allés jusqu'à interdire aux buralistes et aux petits revendeurs de commercialiser des cigarettes. À Boumerdès, la mixité a été dénoncée à plusieurs reprises par certains imams. Les salafistes sont allés jusqu'à s'immiscer dans la gestion des APC en imposant des constructions à leurs goûts comme c'est le cas dans la commune de Benchoud ou de Sidi Daoud dans la wilaya de Boumerdès où des abribus ont été érigés avec des séparations intérieurs. Une partie pour les hommes et l'autre partie pour les femmes. Le hic est que cette situation n'a suscité aucune réaction des autorités. M. T.