Ce qui était redouté est finalement arrivé. Et c'est devenu presque une constante. A la veille de chaque fête religieuse, les prix des fruits et légumes atteignent un seuil qui dépasse l'entendement. A Tizi Ouzou, comme sans doute partout ailleurs, les prix connaissent une folie sans limite depuis quelques jours. Jamais peut-être les prix n'ont atteint un tel seuil qui frise l'arnaque pure et simple. Les citoyens qui se sont rendus hier matin aux marchés de la ville sont restés bouche bée pour ne pas dire étourdis. Les tarifs des fruits et légumes sont montés en flèche. Le coût de quelques légumes et fruits a carrément doublé, rien que ces trois derniers jours du mois de carême. C'est du moins ce que nous avons remarqué hier lors d'une virée que nous avons effectuée dans les différents marchés de la capitale du Djurdjura. Les étals, malgré la cherté, grouillaient de monde. Pour illustrer cette situation des plus inimaginables, citons quelques prix qu'il faut toujours demander aux vendeurs car ils ne sont jamais affichés. L'ail qui coûtait la semaine passée 280 DA a atteint hier 550 DA, les dattes dépassent les 450 DA, la carotte avoisine les 100 DA, la tomate est cédée à plus de 50 DA, idem pour la courgette qui est affichée à plus de 150 DA alors qu'avant-hier seulement elle coûtait 90 DA. Pour l'anecdote, nous avons assisté à une scène au niveau du marché couvert de la ville qui en dit long sur la courgette. Un vendeur n'a pas manqué de répéter sans cesse à une vieille dame qui avait commandé un kilogramme de courgette qu'elle coûtait 150 DA, comme quoi rares étaient ceux qui se sont permis plus d'un demi-kilo. Quant au haricot vert, il est recommandé de ne pas s'y approcher. Ce légume qui ne présente pourtant aucune qualité particulière a été affiché à 200 DA le kilogramme. La tomate ne rougit plus devant les autres légumes de saison. Elle a grimpé à 80 DA alors que l'oignon mérite bien son nom de roi de la marmite puisqu'il coûte 50 DA. «C'est du chantage au sens propre du terme. Sur quels critères les prix ont augmenté ainsi. Il est temps que l'Etat intervienne pour mettre un terme à ces pratiques frauduleuses et sévir contre ces rapaces et autres vampires qui suent les plus démunis», fulmine un vieux rencontré, désemparé par la flambée des prix. Une autre dame ajoute : «On s'attendait un peu à une augmentation des prix, certes, mais pas à ce point.» De leur côté, les commerçants tentent de justifier cette augmentation vertigineuse par la cherté des fruits et légumes au niveau des marchés de gros «qui fixent les prix à leur convenance». «Nous aussi nous payons cher quand on achète au niveau des marchés de gros et demi-gros», argue l'un d'entre eux. Un argument qui ne tient guère la route selon les citoyens qui voient les commerçants comme des charognards qui n'hésitent pas à s'enrichir sur le dos de simples citoyens qu'on n'hésite pas à rouler dans la farine comme de vulgaires poissons.