Le ministre de l'Education nationale met à exécution ses menaces dès le premier jour de la rentrée scolaire. Deux intendants, des représentants syndicaux de la Coordination nationale du personnel d'intendance du secteur (CNPIE), ont été suspendus de leurs fonctions pour avoir observé une grève alors que plusieurs de leurs collègues ont été destinataires de mises en demeure «verbales», apprend-on. Les rassemblements tenus hier devant les directions de l'éducation ont été une réussite totale, selon le porte-parole de la CNPIE, décidée à aller jusqu'au bout de ses revendications «légitimes». Un sit-in est d'ailleurs prévu demain devant le siège de la centrale syndicale. «On s'attendait dès le premier jour de notre grève d'une semaine renouvelable à ce genre d'intimidations», affirmera Abdelwahab Boubaha, porte-parole de la CNPIE, dans une déclaration au Temps d'Algérie, révélant que les deux intendants suspendus sont Rachid Hamzaoui de Médéa et un autre de Sétif, tout deux membres de la commission de suivi. «Ils sont accusés d'abandon de poste, alors que nous avons respecté toutes les procédures liées à la grève, à commencer par le dépôt d'un préavis le 22 août», explique Boubaha qui croit savoir que le ministère a instruit également l'ensemble des directeurs d'établissement pour envoyer des mises en demeure aux intendants en grève depuis le 5 septembre, les sommant de reprendre le travail. «Pour l'instant, ce sont des mises en demeure verbales», explique-t-il, ajoutant que ces pressions multiples de la part de l'administration ne font que confirmer «la panique de la tutelle». D'autres formes de pression sont pratiquées par l'administration, selon notre interlocuteur, qui cite le cas de la wilaya de Bouira où les directeurs d'établissement ont voulu réquisitionner le personnel pour la rentrée, «mais celui-ci, très attaché à notre plateforme de revendications, s'est fortement mobilisé devant la DE de la wilaya», ajoute Boubaha. Un autre rassemblement demain devant le siège de l'UGTA La CNPIE compte organiser un rassemblement demain devant le siège de la centrale syndicale en attendant le sit-in prévu devant le ministère de l'Education nationale. «Le bureau de la coordination se réunira incessamment pour évaluer la grève ainsi que les rassemblements d'aujourd'hui (hier, ndlr) et bien évidemment décider de la date du rassemblement national devant le ministère», dira, déterminé, le porte-parole de la CNPIE. «On ne va pas céder», lâche-t-il, affirmant toutefois que la coordination reste ouverte au dialogue. Revenant sur les rassemblements d'hier qu'il a qualifiés de «réussis», M. Boubaha affirme que le taux de suivi a atteint dans certaines wilayas plus de 90%. Aucun incident n'est à signaler selon lui. Lors de notre passage hier devant la direction de l'Education d'Alger-centre, nous avons constaté une forte mobilisation sous haute surveillance policière. «Nous sommes 53 personnes ici présentes», nous déclarera M. Chebchoub, porte-parole de la CNPIE Alger-centre dont une délégation a été reçue au niveau de la direction de l'éducation à laquelle une plateforme de revendications a été remise en sus d'une lettre explicative battant en brèche chiffres et textes de lois à l'appui, l'ensemble des droits de ce corps ainsi que «les déclarations tendancieuses du ministre». La promesse «solennelle» de Benbouzid, agrémentée de mesures certes encourageantes par-ci mais aussi de menaces à peine voilées par-là, de réussir une rentrée scolaire «inédite», sans perturbations a été un échec pour nombre de syndicalistes dont les entités attendent seulement la tenue de leurs conseils nationaux pour emboîter le pas aux intendants. La contestation ne fait que commencer et la rentrée est visiblement «sous haute tension», comme rapporté dans notre une d'hier.