L'Algérie s'emploie depuis quelque temps à faire adopter par le Conseil de sécurité des Nations unies une résolution criminalisant le paiement des rançons par certains gouvernements occidentaux, à leur tête l'Espagne, en échange de la libération de leurs ressortissants pris en otages par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Argument de poids de la diplomatie algérienne : l'argent des rançons sert au financement des activités de terrorisme dans le nord de l'Algérie. Soutien de Washington Ce travail de longue haleine commence à porter ses fruits. Mercredi dernier, la diplomatie algérienne a saisi l'occasion du débat à l'Assemblée générale des Nations unies, autour d'une nouvelle résolution sur le terrorisme, pour remettre cette question à l'ordre du jour. L'objectif n'était pas, en fait, de faire inscrire la question des rançons dans un cadre qui n'était pas le sien, mais de maintenir la pression à l'ONU pour sensibiliser la communauté internationale sur des normes claires contre le paiement de rançons et la libération de terroristes. La majorité des Etats membres a été très sensible aux arguments de l'Algérie qui est soutenue dans sa démarche par les Etats-Unis ou un pays comme le Royaume-Uni qui se refuse à céder aux conditions posées par les preneurs d'otages, à la différence de pays comme l'Espagne, l'Allemagne, l'Autriche, le Canada, l'Italie ou la France qui ont payé ou fait pression sur le Mali et la Mauritanie pour faire libérer, en échange de leurs ressortissants, des terroristes d'Aqmi. «Je n'ai aucun doute qu'une telle résolution sera adoptée prochainement. Le débat a été très intéressant et nous étions, mon collègue du Royaume-Uni et moi, sur la même longueur d'onde, alors que la Libye ou le porte-parole de l'Organisation de la Conférence Islamique se sont exprimés en faveur de l'initiative algérienne qui est appuyée totalement par l'Union africaine», a déclaré le représentant permanent de l'Algérie à New York, Mourad Benmhidi, dans une interview au quotidien espagnol El Mundo. Le diplomate algérien croit à une «prise de conscience» de la communauté internationale sur le fait qu'aussi bien le paiement de rançon à Al Qaïda que la libération de terroristes pour les échanger contre des prisonniers renforcent le terrorisme. Surtout en Algérie. 16% des rançons payés par l'Espagne «En juillet dernier, Al Qaïda a assassiné 11 gendarmes algériens avec des armes qu'elle a pu acheter probablement avec de l'argent obtenu des rançons. Je peux vous assurer que pour les familles de ces gendarmes, la souffrance a été aussi grande que pour les familles des occidentaux séquestrés», estime M.Benmhidi après avoir fait observer que c'est parce que des pays ont payé que les terroristes ont pris de nouveaux otages. Dans on édition d'hier, El Mundo met en cause particulièrement le gouvernement du Président Zapatero dans le «scandale international» sur le paiement de rançons. «Avec 8 millions d'euros, l'Espagne est le pays qui a payé la rançon la plus importante», annonce ce journal en titre d'un article sur le débat autour du thème de «La rançon comme moyen de financement du terrorisme», organisé mercredi dernier à New York par l'Institut International pour la Paix et la Task Force antiterroriste de l'ONU. Le journal rend compte spécialement de l'intervention de Rezzak Bara à cette réunion au cours de laquelle le conseiller à la Présidence de la République pour les Affaires de terrorisme a fait observer que la somme payée par l'Espagne représente 16% du montant total des 50 millions versés à Aqmi par les pays occidentaux en 10 ans. «Le représentant algérien très critique contre l'Espagne a contredit les affirmations du ministre espagnol des Affaires Etrangères Miguel Angel Moratinos, le seul à assurer encore à ce jour que l'Espagne n'a versé aucune rançon au terrorisme pour obtenir la libération de ses trois ressortissants enlevés le 29 novembre dernier par Aqmi», écrit le journal.