L'offensive diplomatique algérienne, pour criminaliser le paiement des rançons aux groupes terroristes, commence à porter ses fruits. En marge de la visite officielle effectuée jeudi par le président Bouteflika à Madrid, le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, s'est déclaré opposé au paiement de rançons pour les otages d'Al-Qaïda, dont la branche maghrébine détient trois volontaires d'une ONG espagnole au nord du Mali, après avoir été enlevés le 29 novembre dernier en Mauritanie. “Le gouvernement espagnol ne paie pas de rançons. Cette position est claire et ferme”, a assuré M. Moratinos lors d'une conférence de presse, en présence de son homologue algérien, Mourad Medelci. Al-Qaïda a revendiqué l'enlèvement des trois Espagnols, ainsi que celui du Français, Pierre Camatte, capturé le 26 novembre dans le nord du Mali. Le quotidien espagnol El Mundo a assuré, la semaine dernière, qu'Al-Qaïda réclamait une rançon de sept millions de dollars et la libération de plusieurs de ses membres détenus en Mauritanie contre celle de volontaires espagnols. Interrogé sur les avancées des négociations pour obtenir leur libération, M. Moratinos s'est retranché derrière “la discrétion et la prudence” requis par ce genre de situations. Il a souligné qu'il appuyait une initiative de l'Algérie visant à demander l'interdiction du paiement de rançons à des groupes terroristes. Il y a lieu de rappeler que l'Algérie n'a de cesse appelé la communauté internationale à refuser de jouer le jeu des groupes terroristes en payant des rançons. Elle a multiplié ses efforts en vue de parvenir à une convention onusienne interdisant le paiement de rançons. En septembre dernier, le président Abdelaziz Bouteflika a plaidé devant l'Assemblée générale de l'ONU pour “l'interdiction absolue du paiement de rançons aux preneurs d'otages qui a atteint, au cours des dernières années, des proportions inquiétantes”. Le Conseil de sécurité des Nations unies a fini par adopter une résolution, la 1904, le 17 décembre dernier, renforçant la lutte contre le financement du terrorisme, notamment à travers le paiement de rançons aux groupes terroristes. Ces derniers activant dans la bande sahélienne utilisent souvent le procédé d'enlèvement pour financer les achats d'armes, sachant que les gouvernements occidentaux finissaient par payer des rançons. Le seul otage assassiné par les terroristes a été un Britannique, suite au refus de Londres de céder au chantage des terroristes.Beaucoup de pays préfèrent négocier en secret la libération de leurs otages, et les intermédiaires sont légion dans la bande sahélienne, avec la bénédiction et la participation des gouvernements locaux.Il est vrai que la situation sécuritaire dans les pays du Sahel reste inquiétante, au regard de l'étendue des territoires dans lesquels les groupes terroristes trouvent refuge. L'Algérie et l'Espagne, dans le communiqué sanctionnant la visite officielle de Bouteflika, font part de leurs préoccupations au regard de la situation sécuritaire dans la région du Sahel et affirment leur conviction que le contrôle et l'amélioration de la situation ne seront possibles qu'avec la coopération de l'ensemble des pays de la région du Sahel, si nécessaire avec le soutien et l'assistance des partenaires régionaux. Dans ce cadre, elles expriment un soutien ferme aux initiatives de coopération lancées en ce sens par les pays de cette région. Sur le dossier du Sahara occidental, le gouvernement socialiste espagnol, jusque-là accusé de jouer le jeu de la force occupante, réajuste sa position. Dans la déclaration commune, l'Espagne et l'Algérie considèrent que le règlement du conflit du Sahara occidental revêt un caractère prioritaire. Les deux pays ont exprimé leur volonté de continuer à travailler dans le cadre des Nations unies afin de trouver une solution juste, définitive et mutuellement acceptable pour les deux parties, le royaume du Maroc et le Front Polisario, qui garantisse le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Les deux parties encouragent l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, à poursuivre le travail mené durant 2009 et maintiennent leur soutien à ses efforts pour régler le conflit et leur disposition à collaborer avec les Nations unies dans ce but.