Dans cette lettre ouverte adressée à l'APC de Bachdjarah, au wali délégué d'El Harrach et au wali, les habitants de la cité Bachdjarah I dénoncent la passivité des autorités devantles centaines de commerçants informels venus de tous les coins du pays et qui squattent quotidiennement leur quartier. Ils demandent donc l'éradication de ce marché, vieux de 10 ans, qui leur attire tous les ennuis tels que les agressions à main armée, les vols, sans oublier le manque d'hygiène. Devant l'état de déliquescence qui a gagné la cité Bachdjarah I, les résidants ont pris les devant en préparant la création de l'association locale «Bahdja rahti 2010» qui doit servir de cadre de rencontre et de réflexion à un programme d'actions concrètes «pour éliminer les nuisances vécues et les violences auxquelles sont soumis les habitants». Depuis dix ans, les gens de la cité souffrent surtout de la proximité d'un marché informel qui draine quotidiennement des milliers de personnes entre vendeurs et clients qui viennent même des autres wilayas du pays. Dans une lettre ouverte datée du 15 août et adressée au président de l'APC de Bachdjarah, à la wilaya déléguée d'El Harrach et au wali, les locataires des bâtiments n°26, 27, 28, 29 et 30 ont écrit que cette situation «ne pouvait plus durer». Ils revendiquent de ce fait l'éradication du marché, qui est le théâtre de vols, d'altercations et d'agressions en utilisant des couteaux de boucher, des haches, des sabres, des bombes lacrymogènes, des bombes à gaz et même des fusils à harpon. «Aujourd'hui, Bachdjarah est devenue une grande poubelle à ciel ouvert et une jungle où règne la loi du plus fort», dénoncent-ils à juste titre. Les résidants se refusent toutefois à déclarer eux-mêmes la guerre aux trabendistes au risque de créer un climat d'émeutes avec de terribles conséquences. Le trabendo y a pris pied au point où il a créé une situation de fait accompli qui fait très peur aux riverains et même aux autorités locales. «Nous refusons de basculer dans l'explosion sociale, de même que nous refusons que les habitants de cette cité vivent une deuxième bataille d'Alger ou un deuxième 5 octobre», indiquent-il. Les clients et les commerçants envahissent tous les espaces de la cité auxquels ils peuvent accéder : les trottoirs, la chaussée et les cours intérieures. Le rez-de-chaussée et les premiers étages des immeubles sont utilisés en guise de toilettes publiques quand ils ne servent pas de lieu de rencontre de charme en plein jour. «La nuit, il existe un autre type de squat. Les paliers d'escaliers servent à stocker des charrettes, des planches servant de table de vente, des cageots, des cartons, des chaises métalliques… Ce matériel est déposé le soir dans les cages pour être récupéré le matin par les vendeurs avec la complicité de certains résidants», reconnaissent les gens de Bachdjarah I. Cette activité qui s'apparente à une «consigne de bagages» rapporte de l'argent à des locataires qui participent de ce fait à l'aggravation de la situation. Mais ce n'est pas tout. «Les vidoirs d'ordures sont réquisitionnés par les vendeurs qui les ont transformés en dépôts de marchandises. Ils ont fait de même des espaces existant devant le portail des immeubles, précisément entre l'entrée des cages et l'espace censé être réservé aux boites aux lettres, qui ont été fermés et squattés sans que l'OPGI intervienne.» La collecte des déchets fait défaut Sur le volet de la nuisance sonore, les habitants signalent la présence en continu des bruits infernaux de la vente à la criée, les disputes et insanités proférées par les commerçants lors d'altercations, de même que les bruits amplifiés lors des mariages et autres. «Ces bruits persistent même la nuit. Des groupes d'individus s'installent sous nos fenêtres et jouent aux cartes et aux dominos», assurent les rédacteurs du courrier rendu public. Ils dénoncent également le manque d'hygiène qui découle de la désorganisation de la collecte quotidienne des déchets et à la mauvaise coordination entre les services de l'OPGI et ceux de Netcom. «En permanence, des monticules de détritus et de cartons sont abandonnés par les commerçants sur les lieux. Quand la journée est terminée, les vendeurs et les policiers s'en vont, les agents de l'OPGI sortent les sachets pleins d'ordures des vidoirs des bâtiments et les entassent sur les trottoirs à l'intention des agents de Netcom qui parfois ne viennent pas. Notre cité devient ainsi une grande poubelle à ciel ouvert. Les rongeurs, les cafards, les moustiques et les mouches trouvent alors un terrain favorable pour proliférer», précise-t-on. Il est une vérité que les lieux dégagent des odeurs pestilentielles du fait des fruits et légumes pourris abandonnés sur les lieux après le départ des vendeurs. Les résidants sont amenés à fermer les fenêtres «pour ne pas respirer les odeurs nauséabondes venant de l'extérieur». Afin de mettre un terme à tout cela, les auteurs de la lettre ouverte demandent aux élus locaux et aux autorités de réagir sans délai. Aux dernières nouvelles, il est question de déloger les trabendistes d'ici la fin du mois en cours.