Dénonçant les atteintes portées par cette usine à l'environnement et à la santé humaine et animale, l'Association nationale pour la protection de l'environnement (Anpep) s'était prononcée, il y a un an, pour la fermeture pure et simple de la cimenterie de Hdjar Essoud (Skikda) et son démantèlement vers une zone inhabitée, le plus loin possible des zones résidentielles. Cette requête inédite en Algérie, qui avait été adressée à toutes instances nationales faisait suite à une étude écologique approfondie effectuée des mois durant sur le terrain d'assiette de ladite usine et auprès des populations des agglomérations de Skikda, Annaba et Guelma, qui seraient sérieusement affectées par les retombées des poussières et de gaz toxiques générées par les fours de la cimenterie. N'ayant pas été entendus une première fois, les membres de cette association reviennent à la charge pour appeler les autorités à se pencher sur la question, tout en invitant les responsables de l'usine à améliorer la qualité du produit tout en respectant l'environnement. Il s'agit surtout de préserver, selon les signataires du document, les habitants, la faune et la flore de Bouati, à Guelma, Aïn Cherchar, Ben Azzouz et Bekouche Lakhdar, à Skikda, et enfin Berrahal et El Eulma, à Annaba, directement exposées. Comme chacun sait, la fabrication du ciment produit beaucoup de CO2 et des millions de tonnes de poussières libérés par la combustion de carburant et la calcination des matières premières. Aussi, l'Anpep indique que le taux de prévalence des maladies occasionnées par les émanations de poussières et de gaz de l'usine est de l'ordre de 27%. «Ce qui favorise l'apparition des phénomènes irritatifs liés au caractère basique, abrasif et hygroscopique du ciment et allergiques en raison de la présence de chrome, nickel ou cobalt», explique l'auteur de la requête. Et d'indiquer que «le ciment pourrait être à l'origine des maladies professionnelles comme des ulcérations, dermites primitives, pyodermite, blépharite, conjonctivite, ainsi que des lésions eczématiformes». D'autres effets pourraient également être liés à la manipulation du ciment, poursuit-il. Comme la déclaration de bronchite chronique, pneumoconiose, silicose, des troubles digestifs tels que des ulcères gastro-duodénaux. Notre interlocuteur parlera d'arthrite et de rhumatismes, en s'inquiétant du risque cancérigène dû à la manipulation des produits secondaires contenus dans le ciment. «En plus de leur action toxique sur la végétation et sur l'eau, elles contribuent aussi à une contamination importante des sols et par conséquent des plantes qui s'y développent», soutient cet écologiste. Il se dira incapable pourtant d'indiquer le nombre de personnes, travailleurs de la cimenterie ou habitants de la zone périphérique de celle-ci qui auraient été affectés directement ou indirectement par les effets cités. Ce qui expliquerait peut-être l'attitude neutre des autorités compétentes à qui la lettre alarmiste a été adressée par l'association. Située dans la commune de Azzaba, wilaya de Skikda, la cimenterie de Hdjar Essoud (SCHS) est la plus importante unité du groupe ERCE. D'une capacité de production théorique de 900 000 t/an, elle est gérée en partenariat avec la société italienne Buzzi Unicem, à qui est confié le management de la SCHS en contrepartie d'une participation de 35%.