Alger n'a toujours pas retrouvé son ambiance habituelle. Une semaine après la fin du mois du jeûne, la capitale semble encore plongée dans un calme plat rarement vécu à l'occasion de la rentrée sociale marquée, habituellement, par beaucoup d'évènements et surtout par un goût particulier. Cette année, si ce n'est l'apparition intense des blouses bleues et roses et des affaires scolaires dans tous les coins des rues, aucun autre indice n'aurait été valable pour indiquer l'arrivée de la rentrée des classes. Et dire que même à ce niveau là, les élèves n'ont toujours pas entamé le cursus scolaire officiellement, vu que les enseignants comme les autres encadreurs au niveau de chaque école sont occupés à finaliser les préparatifs de la rentrée scolaire avant d'entamer les cours. Un grand retard a été enregistré à ce niveau, vu que les enseignants n'étaient réellement présents dans les écoles qu'après la fête de l'Aïd, qui a coïncidé avec le premier jour de la rentrée des élèves. Dans la rue, les habitants de la capitale continuent de souffrir des nombreuses pénuries provoquées par la fête de l'Aïd, l'occasion pour beaucoup de commerçants d'observer un moment de repos. «Cela fait une semaine que je n'ai pas acheté le pain dans mon quartier. Je fais le déplacement quotidiennement à Bab El Oued pour avoir le pain et le lait. Je retrouve quelques sacs de lait depuis trois jours mais ce n'est jamais certain», nous affirme une dame habitant Belcourt. Cette dernière, comme beaucoup d'autres, vit la difficulté de trouver les aliments les plus indispensables pour la famille en raison de la fermeture de la plus grande partie des magasins. Une situation observée dans tous les quartiers d'Alger où il est difficile de faire son marché correctement depuis plus d'une semaine. Cette semaine a été marquée par une hausse vertigineuse des prix des fruits et légumes. Les cours ont atteint des seuils inimaginables dépassant ainsi le pouvoir d'achat de la majorité des citoyens. «La cherté a fait ravage depuis l'Aïd. Tout est cher, c'est trop cher. On ne peut plus toucher à quoi que ce soit», dira un homme rencontré au marché de Bab El Oued. Les prix crachent du feu Les prix affichés par les commerçants du marché des Trois horloges, réputé pourtant être l'un des meilleurs en termes de prix, sont hors de portée. Une petite comparaison avec les prix des légumes affichés durant le mois sacré indique que chaque produit a atteint facilement le double. Ainsi, le kilogramme de pomme de terre est cédé entre 45 et 60 DA, la tomate 60 DA, les haricots verts entre 160 et 200 DA, les aubergines 100 DA, la carotte a atteint 80 DA, la salade varie entre 120 et 160 DA, les oignons 30 DA, le navet entre 80 et 100 DA et enfin la courgette est cédée à 100 DA. Les prix des viandes ne sont pas du reste. Le kilogramme de poulet est cédé entre 250 et 300 DA, alors que celui de l'escalope de dinde a atteint 780 DA. Face à cette situation, le citoyen ne fait que se plaindre de l'inaccessibilité des produits en raison de la pénurie ou bien de la flambée des prix. Les commerçants n'ont aucune explication correcte à donner. «Il faut voir du côté du marché de gros. C'est de là qu'on s'approvisionne et on vend en fonction des prix qui y sont appliqués», dira un commerçant. Tout en reconnaissant que la flambée des prix est excessive depuis quelques jours, un autre affirme que la rareté des produits est à l'origine de cette situation. «Il n'y a pas beaucoup de légumes sur le marché. Cette semaine a été marquée par une baisse de produits, ce qui fait que les prix ont augmenté d'un coup», expliquera-t-il. Même constat pour les viandes. Les commerçants estiment que les prix n'ont pas connu une baisse depuis le mois de Ramadhan et la demande reste forte. La rentrée sociale a été très difficile pour beaucoup de ménages ayant été frappés par les lourdes dépenses du Ramadhan, de l'Aïd puis de la rentrée scolaire. S'ajoute à cette saignée difficile à supporter la cherté des produits alimentaires. Le citoyen se trouve ainsi entre le marteau et l'enclume.