L'opération d'éradication du marché informel de Bachdjarah entamée dès les premières heures de la journée d'hier en présence d'un important dispositif de sécurité a suscité le soulagement des habitants. Toutefois, les commerçants ont pris d'assaut le siège de l'APC. L'opération s'est déroulée hier sans heurts, mais les services de sécurité se montraient vigilants au vu des rumeurs persistantes faisant état de «menace de recourir à la violence de la part des propriétaires des étals informels». Dès les premières lueurs de l'aube et à l'effet d'anticiper l'installation des étals, les services de police ont quadrillé le quartier populaire et plus précisément l'artère principale où proliférait d'une manière exponentielle le marché parallèle. Un marché qui, selon le vice-président de l'APC, Abdeslam Maifi, générait «un manque à gagner en matière de fiscalité pour la commune» et considéré comme «un foyer de délinquance où l'insécurité prenait une proportion inquiétante». Plus explicite, l'élu affirme que «durant des années et au vu de la prolifération des étals, des commerçants installés avec leurs fonds de commerce ont préféré se reconvertir en trabendistes aux seuls fins d'éluder les charges fiscales qui leur étaient imposées». Vers 6h00 du matin et aux fins de parer à toute résistance, des véhicules de la BMPJ ainsi que des fourgons relevant des unités d'intervention ont été postés sur les lieux. Un nombre tout aussi impressionnant de policiers en civil patrouillaient également dans les ruelles. Selon des sources sécuritaires, «le dispositif devra être maintenu sur place durant une période indéfinie, et ce, pour éviter le retour des commerçants illégaux». Un véritable jeu du chat et de la souris devra être entrepris par les services de sécurité au vu des rumeurs persistantes faisant état de menace de retour des milliers de commerçants sur les lieux après le départ du dispositif. Suite à des rumeurs tendant à faire croire à «une possible attaque du nouveau siège de l'APC», un cordon sécuritaire a été déployé autour de la mairie. Durant cette opération, des hélicoptères ont survolé le site de Bachdjarah ainsi que celui de Belouizdad où une opération similaire a été déclenchée. Soulagement et mécontentement L'éradication de ce marché a procuré un soulagement chez les habitants mais suscité le mécontentement d'une autre frange de la population. «Evidemment, les gangs qui s'étaient constitués et qui patrouillaient la nuit en cagoule exigeaient des commerçants le versement de sommes allant jusqu'à 45 millions de centimes/an à titre de location des trottoirs», ont indiqué des citoyens pour parler d'un autre commerce qui se greffait sur celui de l'informel. Les habitants, victimes de toutes les nuisances possibles et imaginables, ont exprimé leur soulagement, affirmant que «de cette façon, les vols, agressions et autres puanteurs dégagées par les détritus et autres fruits et légumes pourris ainsi que l'occupation des cages ne seront plus possibles». A ce titre, un habitant témoigne de «l'agression d'une femme, la veille de l'opération, qui a été délestée de tous ses biens au su et au vu de tous les passants : «Même les magasins au centre des affaires, qui avaient procédé à l'extension de leurs locaux en installant des étals ont été priés de les enlever. Selon le vice-président, un marché a été aménagé au centre de la cité des Palmiers et au sein duquel «tous les commerçants retenus seront installés». Les locataires de la cité ne l'ont pas entendu de la même oreille puisque ces derniers «menacent de recourir à la violence si le marché venait à être opérationnel avant leur relogement». A cette question, les autorités locales ont affirmé que «tous les habitants recensés au sein de cette cité seront relogés dans un délai ne pouvant excéder un mois» précisant que «cette cité sera rasée après une expertise des lieux». Profitant de l'occasion, les agents de Netcom ont entamé une opération de nettoyage des lieux. Les taxis clandestins qui avaient élu refuge sur une artère menant au marché ont, également été, priés de quitter les lieux sous peine de retrait des documents voire de la saisie de leurs véhicules. A l'intérieur du siège de l'APC, une atmosphère électrique régnait du fait de la présence des commerçants concernés par l'opération d'éradication, venus pour des réclamations. Pour l'heure, les autorités affichent une inflexibilité sans faille devant les menaces et rumeurs qu'ils «endossent à des personnes voulant semer la confusion à des fins d'en tirer des dividendes».