A l'issue de la réunion qu'il a tenue avec le directeur général d'ArcelorMittal dans la soirée de dimanche, le secrétaire général du syndicat d'entreprise a annoncé que les deux parties ont convenu de revenir à la table des négociations pour discuter des revendications salariales et socioprofessionnelles restées en suspens. Selon Smaïn Kouadria qui se félicite de la bonne disposition de la direction après de longs mois de conflit, la sortie de crise serait imminente. Le secrétaire général a indiqué que suite à l'entretien «cordial et empreint de bonne volonté» qu'il a eu avec Vincent Le Gouic, il a été décidé que les deux parties se réuniront pour débattre de la plateforme de revendications établie par le syndicat, notamment en ce qui concerne le problème des salaires et de la réhabilitation de l'outil de production ainsi que du plan d'investissement. Il a été question d'inviter l'inspection du travail territorialement compétente à la rencontre durant laquelle le calendrier des réunions de discussions sera fixé. Toujours selon ce responsable syndical, Vincent Le Gouic aurait également proposé d'associer les représentants des travailleurs à l'élaboration de la stratégie de restructuration de son réseau de distribution de l'entreprise. Un projet qui devrait se concrétiser par la fermeture de plusieurs points de vente d'ArcelorMittal implantés à l'ouest et au centre du pays, afin d'adapter le circuit commercial de cette entreprise aux réalités économiques algériennes, certaines zones étant moins rentables que d'autres. Reconnaissant tacitement qu'il aurait dû le faire plus tôt, le DG de l'entreprise aurait fait part à Kouadria de son intention de débattre des détails de cet autre projet avec les représentants des travailleurs, dans les prochains jours. Pour mieux comprendre l'importance de cette réconciliation entre syndicat et direction, il y a lieu de faire un flash-back sur les derniers événements qui ont secoué le complexe ces dernières semaines. Smaïn Kouadria, qui avait saisi l'inspection du travail pour dénoncer la suspension brutale du processus de négociations à un moment où celles-ci commençaient à donner des résultats probants, avait pointé un doigt accusateur en direction de ses propres collaborateurs, les élus membres du comité de participation. Selon lui, ceux-ci auraient été derrière l'échec du mouvement de grève de juin dernier pour s'être rangés du côté de la DG de l'entreprise alors qu'ils avaient accepté le principe du recours à la grève lorsque les discussions sur les salaires et la convention de branches avaient buté. Ils auraient également été derrière les incidents qui ont conduit à des affrontements entre travailleurs. Dans une correspondance qu'il avait adressée aux travailleurs, il l'a clairement mentionné : «Maintenant, nous sommes sûrs que tous les membres, sans exception, du comité de participation sont derrière ce mouvement, et que ce sont eux qui ne veulent pas du changement qui a eu lieu il y a quelques mois. Certains partisans de l'ancien syndicat ainsi que d'autres mécontents du fait que nous avions poursuivi en justice et fait condamner des membres de l'ancien comité de participation se sont joints à ce groupe et veulent en découdre avec le syndicat», avait écrit Kouadria. Dans ce document placardé, il rappelait que les frères ennemis avaient sciemment fait fermer le siège de leur syndicat pour amener la direction à recourir à la force publique. Ceci dans le seul but d'empêcher le syndicat de poursuivre les négociations avec l'employeur dans les conditions créées et sous la menace d'individus armés de barres de fer et de gourdins. l'appel affiché aux quatre coins du complexe citait, entre autres, le relèvement des primes qui devait normalement être débattu avec l'employeur au cours du mois d'août, mais qui ne s'est pas fait parce que les syndicalistes avaient été empêchés de faire leur travail. Avec ce retour au calme, il y a lieu de signaler les points positifs enregistrés, qui augurent d'une sortie de crise au niveau du complexe d'El Hadjar, où la situation était devenue invivable. Une embellie qui ramène de l'espoir chez les représentants syndicaux et tout particulièrement chez leur secrétaire général, Smain Kouadria.