Le ton est monté d'un cran, dimanche, entre les représentants syndicaux et ceux de la direction d'ArcelorMittal Annaba, lors de la réunion des deux parties autour des revendications socio-professionnelles des travailleurs du complexe sidérurgique. Le conseil syndical d'entreprise du complexe sidérurgique, qui dit déplorer le non-respect des engagements par la direction générale de répondre favorablement aux onze points contenus dans la plateforme des revendications, menaçait hier de recourir à la grève, s'il le fallait, pour faire aboutir ses doléances. Le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Smaïn Kouadria n'a pas mâché ses mots en déclarant que “la direction d'ArcelorMittal ne semble pas réaliser que nous avons fait plus qu'il ne fallait pour maintenir la trêve sociale et la sérénité totale au sein du complexe, ceci en dégageant des bénéfices pendant ces trois dernières années”. Tout en reconnaissant que l'entreprise à un niveau mondial traverse une situation préoccupante du fait de la crise financière qui affecte le secteur de la métallurgie, Smaïn Kouadria rappelle que le syndicat dont il fait partie a accepté en connaissance de cause, en août 2008, que la réunion portant sur la révision des salaires soit différée de six mois, puis d'un mois supplémentaire. “Mais nous estimons aujourd'hui que la direction doit faire un effort pour améliorer les revenus et les conditions de travail des employés. Nous avons dit notre désaccord total sur toutes les propositions de report des discussions lors de la réunion qui s'est tenue avec M. Bousquet et son équipe dirigeante, dimanche.” Affirmant sa détermination à faire aboutir les revendications légitimes des travailleurs, il déclarera que “l'heure n'est plus aux tergiversations et nous nous démarquons des dirigeants d'ArcelorMittal. Nous avons d'ailleurs introduit une demande de conciliation auprès de l'inspection du Travail territorialement compétente d'El-Hadjar et sommes décidés de recourir à la grève si cette démarche légale n'aboutit pas”. Revenant sur les discussions autour des onze points retenus à l'ordre du jour de la réunion d'avant-hier, le secrétaire général, indiquera que pas une seule des revendications relatives à l'amélioration des salaires n'a été satisfaite comme dûment mentionné sur le procès-verbal, dont il nous a remis une copie. Rappelons que la problématique des revenus des employés du complexe sidérurgique d'El-Hadjar est pendante depuis la fin de l'année 2006, et que des hauts responsables du géant indien de la métallurgie avaient fait le déplacement depuis Londres, en août 2007, pour apporter une solution. Un accord avait été signé alors entre la direction d'ArcelorMittal Annaba et le syndicat d'entreprise en présence de M. Frank Pannier, vice-président du groupe, et du patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi-Saïd. La direction d'ArcelorMittal s'était engagée à entamer un processus de valorisation de son capital humain en promettant que la prochaine négociation porterait sur une nouvelle augmentation des salaires de base, ainsi que des primes et indemnités. Augmentation qui devait intervenir en janvier 2009, à condition toutefois que l'objectif de 1 300 000 tonnes de produits finis serait réalisé durant l'année 2008. La direction devait également présenter de nouveaux organigrammes, tout en respectant un canevas portant sur l'amélioration des conditions de travail des collectifs. Un ensemble d'engagements que sont venus compromettre, semble-t-il, les derniers bouleversements que vit le secteur de la métallurgie autant en Algérie qu'ailleurs à travers le monde. A. Allia