Iouri Loujkov a fêté hier ses 74 ans. Ce pourrait bien être le dernier anniversaire que le maire de Moscou célèbre à la tête de cette mégalopole de 10 millions d'habitants, sur laquelle il règne sans partage depuis dix-huit ans. Le Kremlin est décidé à détrôner ce pilier de la vie politique russe. Pour ce faire, l'administration présidentielle ne lésine sur aucun moyen: depuis dix jours, les télévisions d'État diffusent des sujets hostiles à Iouri Loujkov, l'accusant, lui et sa femme Elena Batourina, patronne d'une énorme entreprise de travaux publics, d'avoir mis la ville en coupe réglée, se partageant les marchés publics comme ils partagent leur lit. Ce week-end, au milieu de la tempête médiatique qui l'assaille, le maire de Moscou est parti pour quelques jours de congé dans son chalet en Autriche, officiellement pour fêter son anniversaire. Mais on laisse entendre que, tel un oligarque déchu, il ne reviendra jamais à Moscou. Ces sources anonymes qui s'emploient à déstabiliser Loujkov par agences de presse interposées, «font penser à ces dénonciations de l'époque stalinienne, commandées par le NKVD (ancêtre du KGB)», s'indigne l'épouse du maire.