Moscou qui a été régulièrement ciblée depuis le 31 août 1999, par des attaques terroristes meurtrières attribuées à des Tchétchènes (plus de 500 morts) a renoué hier, avec la violence. Un double attentat d'hier a frappé à 40 minutes d'intervalle deux stations clés du métro moscovite (Loubianka et Park Koultoury) à une heure de pointe. Iouri Tchaïka, le procureur général de Russie, a ouvert une enquête pour «terrorisme». Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, affirme que les attentats suicide qui ont fait 38 morts et 102 blessés, en majorité des Moscovites qui se rendaient au travail, ont été commis par deux femmes kamikazes. Selon Vladimir Markine, le porte-parole du comité d'enquête du parquet russe, «l'explosif était placé au niveau de la ceinture» des deux femmes qui pourraient être des «veuves noires» un surnom donné aux militantes qui pour venger leurs proches, commettent des attentats suicide. La police qui a «regardé les vidéos des caméras» laisse croire qu'elle recherche activement deux femmes qui auraient accompagné les deux kamikazes jusqu'à l'entrée du métro. Alexandre Bortnikov, le chef du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB), soupçonne des «groupes terroristes» du Caucase. «Selon la version préliminaire, les attentats ont été commis par des islamistes liés à la région du Caucase du Nord. Il pourrait même s'agir de la piste principale, après la découverte des fragments de corps des deux femmes kamikazes originaires du Caucase du Nord», dit-il. Attentat de Dokou Oumarov, l'ex-président rebelle tchétchène qui s'est autoproclamé Emir et chef de tous les mouvements rebelles actifs dans le Caucase russe ? Le centre américain d'analyse, IntelCenter, n'a aucun doute. Le président Dmitri Medvedev, qui a ordonné le renforcement de la sécurité dans les transports dans toute la Russie promet de continuer la lutte contre le terrorisme. «La politique de la répression de la terreur et de la lutte contre le terrorisme va se poursuivre. Nous allons poursuivre les opérations contre les terroristes sans compromis et jusqu'au bout. Il est évident que de tels actes sont bien planifiés, qu'ils ont pour but de faire beaucoup de victimes et de déstabiliser la situation dans le pays», dit-il à l'issue d'une réunion d'urgence. Vladimir Poutine, Premier ministre, ne mâche pas ses mots. Il promet de tout mettre en œuvre pour anéantir les «criminels à l'origine de ces actes». Selon les analystes, ces deux attentats posent plusieurs questions. Sur le choix de la station Loubianka d'abord comme première cible, déjà victime d'une attaque en août 2004 : un kamikaze a fait exploser sa bombe à l'extérieur de station de métro, tuant 10 personnes. Au dessus de cette station située dans le centre de la capitale russe, se trouve le siège du FSB (services spéciaux) et quelques dizaines de mètres plus loin, le Kremlin. Sur l'horaire choisi par les auteurs de ces actes barbares qui seraient des rebelles tchétchènes selon certains pour s'en prendre au métro qui transporte en moyenne 8,5 millions de personnes par jour avec des bombes dont les puissances de l'explosion étaient de 2 kg en équivalent TNT. Sur le timing choisi pour commettre un acte de cette ampleur à Moscou, le premier depuis celui du 31 août 2004 devant l'entrée de la station Rijskaia (10 morts et 40 blessés) perpétré par une femme kamikaze et celui du 6 février 2004 qui a fait 39 morts et 134 blessés, entre les stations Avtozavodskaia et Paveletskaia à une heure de grande affluence.