Les terroristes ont frappé l'endroit où se trouve le siège du FSB (services spéciaux russes), un site hautement symbolique à Moscou. Des attentats suicides ont rattrapé la capitale russe. Hier matin, Moscou s'est réveillée sous le fracas d'un double attentat suicide qui a pris pour cible le métro de la capitale russe. Selon les agences de presse, la première attaque a été perpétrée à 07h57 locales (03h57 GMT), dans une rame de métro de la station de la Loubianka, située à quelques centaines de mètres du Kremlin, tandis que la seconde explosion s'est produite, 40 minutes plus tard, à la station Park Koultoury, également au centre-ville. Le premier bilan fait état de 37 morts au moins et 65 blessés. Bilan qui s'est aggravé dans l'après-midi par la mort d'un blessé portant à 38 le nombre des victimes. Selon les premiers constats, ces attaques ont été perpétrées par deux femmes kamikazes qui se sont faites exploser. Le choix de ces lieux est loin d'être un hasard. C'est à la Loubianka que se situe le siège du FSB (services spéciaux fédéraux). Il s'agit d'un site hautement symbolique à Moscou. Les services de sécurité russes ont indiqué avoir trouvé des fragments de corps de deux femmes considérées par les autorités comme responsables des explosions qui ont secoué la ville. C'est du moins la version proposée par le porte-parole du comité d'enquête du parquet, Vladimir Markine. Ce dernier a indiqué que les deux femmes portaient cgacune une ceinture d'explosifs. Citant des services de sécurité, l'agence russe Interfax a rapporté que l'identité des deux femmes, ainsi que celle de deux autres femmes qui les auraient accompagnées jusqu'au métro avant les explosions, avaient été établies grâce au visionnage de vidéos de surveillance. Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, a déclaré que les attentats avaient été perpétrés par des femmes kamikazes - une méthode déjà employée par les rebelles tchétchènes: des femmes ayant perdu leur époux ou leur frère et baptisées «les veuves noires». Même si les deux attaques n'ont pas été revendiquées, les responsables à Moscou n'ont pas hésité à montrer du doigt les insurgés du Nord-Caucase, théâtre de deux guerres d'indépendance brutales en Tchétchénie dans les années 1990, et où la violence a ressurgi depuis deux ans. Le chef du Service fédéral de sécurité, Alexandre Bortnikov, a déclaré que les deux femmes étaient sans doute originaires de cette région. «Selon la version préliminaire, les attentats ont été commis par des groupes terroristes liés à la région du Caucase du Nord. Nous privilégions cette version», a-t-il déclaré. L'attentat d'hier reste le plus meurtrier qu'a connu Moscou depuis 2004, lorsqu'une attaque dans le métro de la capitale avait fait 41 morts et 250 blessés. En février dernier, le chef des insurgés Dokou Oumarov, qui lutte pour l'établissement d'un émirat islamique sur l'ensemble du Nord-Caucase, a juré de porter la guerre jusque dans les villes russes. «Le sang ne se limitera plus aux villes du Caucase. La guerre viendra dans leurs villes», a-t-il dit dans une interview diffusée par un site islamiste. Les grands attentats récents ont souvent conduit le Kremlin à lancer des vagues de répression au Caucase et à verrouiller davantage le système politique. Ces attentats interviennent alors que les forces de l'ordre ont multiplié ces derniers mois les opérations d'envergure dans le Caucase du Nord pour y traquer les rebelles. Deux de leurs principaux leaders ont été abattus ces dernières semaines. Le Premier ministre Vladimir Poutine a promis que les «terroristes» responsables seraient «anéantis». Le président Dmitri Medvedev a pour sa part affirmé que la lutte contre le terrorisme était une priorité absolue et qu'elle allait se poursuivre «sans compromis et jusqu'au bout». «La politique de la répression de la terreur et de la lutte contre le terrorisme va se poursuivre», a réitéré M.Medvedev. Il a également ordonné un renforcement de la sécurité dans les transports publics à travers le pays. Les autres lignes de métro moscovite sont demeurées ouvertes mais sous haute surveillance. Les observateurs estiment que ce double attentat est un coup porté à la réputation de l'ancien président Vladimir Poutine, qui se voulait un champion de l'ordre public et reste considéré comme le premier dirigeant du pays même si depuis 2008 c'est Dmitri Medvedev qui dirige la Russie. Le président américain Barack Obama, le secrétaire général de l'Otan, le président du Parlement européen, la chef de la diplomatie de l'Union européenne et de nombreux autres chefs d'Etat et de gouvernement ont fermement condamné ce double attentat à Moscou.