2010 restera comme une des années clés du football algérien avec la participation de l'équipe nationale aux phases finales de la Coupe du monde et de la CAN. Cette sélection avait tellement glissé vers le bas dans la hiérarchie du football international que ces deux participations sont à inclure dans le registre d'authentiques exploits. L'autre évènement de ce début de la seconde décennie des années 2000 est le démarrage du premier championnat professionnel. Il y a 46 ans de cela, le football algérien avait connu une première révolution avec le lancement du premier championnat national qui avait consisté à regrouper 16 clubs représentant 3 grandes régions du pays, l'Ouest, le Centre et l'Est. C'étaient des clubs qui activaient selon un statut amateur lequel, au fil des années, n'avait plus sa raison d'être étant donné que l'argent est devenu le véritable moteur de tout le système. Mais un système dévoyé où n'importe qui faisait n'importe quoi avec l'argent de l'Etat devant des pouvoirs publics qui évitaient d'y mettre le nez de crainte de provoquer des mouvements de protestation de la part des fans des clubs. Pourtant, cet Etat là avait réussi dès 1977 à encadrer convenablement le sport et le football algériens par l'entremise d'un code de l'EPS révolutionnaire. Il s'était alors agi de mobiliser des entreprises publiques et les amener à prendre en charge les clubs de l'élite. Le professionnalisme était né à ce moment là puisque joueurs et entraîneurs n'avaient que le football comme activité et étaient payés pour cela. Mais le professionnalisme ne consiste pas seulement à assurer un salaire aux joueurs et aux techniciens. Il y a d'autres éléments qui entrent en compte et auxquels aucun club en Algérie n'était capable d'y répondre. Jusqu'à aujourd'hui, le problème est toujours le même. Il s'agit, en effet, de doter chaque club d'un patrimoine réparti entre une base d'entraînements et un centre de formation, d'un contingent d'entraîneurs et de formateurs de très bon niveau pour chacune des catégories, d'un centre de médecine sportive dirigé par des personnes hautement compétentes et de dirigeants versés dans le managérat de pointe. Il reste que le code de l'EPS avait permis aux clubs d'adapter leurs joueurs et entraîneurs aux obligations des entraînements quotidiens, une pratique inconnue des sportifs avant 1977. En 1989, devant les difficultés financières auxquelles elles étaient confrontées, les entreprises publiques s'étaient retirées de la course laissant les clubs qu'ils avaient sous leur coupe dans l'embarras, hormis le Mouloudia d'Alger qui avait continué à être parrainé par Sonatrach. Du reste, le cas de ce club résume le ratage du code de l'EPS dans la prise en charge des clubs puisque malgré plus de trente années de gestion «sonatrachienne» et des milliards de centimes engloutis, le vieux club algérois n'a, à ce jour, pas le moindre centre d'entraînements, encore moins une école de formation. En fait, aucun patrimoine. Une performance pérenne En même temps que les entreprises publiques avaient retiré leurs billes du jeu, on avait vu entrer dans le système une armada de nouveaux dirigeants dont la grosse majorité n'était mue que par des intérêts personnels. Des dirigeants opposés à l'esprit de l'équité sportive et qui pendant des années se sont «amusés», avec l'argent du contribuable sans que leur soit demandé le moindre compte. Du moins pas d'une manière sérieuse et autoritaire. Ce sont ces gens là qui ont envoyé le football algérien dans un gouffre sans fond avec des pratiques contraires aux valeurs que le sport véhicule, notamment sur le plan de l'esprit du jeu qui veut qu'un match se gagne sur le terrain et non par des moyens illicites et sur celui de la violence verbale qui aboutissait, inévitablement, à la violence tout court. 2010 voit les clubs, ceux de l'élite, changer de statut et se fondre dans le moule du professionnalisme. Ils sont 32, répartis entre 16 en Ligue 1 et 16 en Ligue 2. Ce sont les précurseurs d'une nouvelle ère qui voudrait mener le football sur le chemin de la réhabilitation et du sérieux. Bien des choses restent à faire pour dire que cette action va être couronnée de succès. Il y a surtout des mentalités à changer sachant que nombre de dirigeants ont vécu dans une totale impunité dans le domaine du contrôle financier et qu'ils ont surtout appris à dépenser qu'à créer de la richesse. Cette richesse là ne pourra être obtenue que par la consécration sportive de leurs clubs respectifs et par la mise en place d'une vraie et grande politique de formation garante de la performance d'une manière pérenne. L'Etat sera là pour soutenir ces clubs à s'émanciper, à devenir autonomes et à se transformer en structures formatrices de talents sportifs. C'est le président de la République en personne qui est entré dans le jeu pour débloquer la situation et permettre au football professionnel de disposer des moyens dont il a besoin pour sa mise en place. Une batterie d'avantages matériels, financiers et fiscaux a ainsi été accordée aux 32 clubs en question en vue de leur prise d'envol vers un monde où l'on souhaite que c'est tout le football algérien ainsi que ses équipes nationales qui en sortiront grandis.