Depuis l'Aïd El Fitr, les halls des bureaux de poste dans la wilaya de Biskra, habituellement connaissant une forte présence des clients d'Algérie Poste notamment lors de la période de versement des salaires, sont déserts jusqu'à nouvel ordre. La raison est des plus simples. «Pas un sou», expliquent les préposés de ces bureaux à une clientèle dépitée et outrée par un comportement qui n'est pas nouveau à se produire dans la région. Au niveau de la RP du chef-lieu de la wilaya, le receveur principal explique que «la pénurie d'argent est principalement liée à la banque centrale laquelle, depuis des semaines, n'approvisionne les bureaux de poste qu'en quantités insuffisantes ne pouvant répondre aux besoins de tous les clients». L'explication fournie par ce responsable est loin de convaincre le citoyen frappé de plein fouet par une multitude de dépenses inhérentes aux trois occasions principales, à savoir ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire. Tout le monde ignore l'origine de cette crise qui fait l'actualité dans toute la région et dont la seule victime demeure le salarié qui ne sait à quel saint se vouer. «Depuis le 13 septembre, jour de la rentrée scolaire, je faisais des allers-retours d'un bureau de poste à un autre dans l'espoir de retirer une somme d'argent pour payer mes dettes accumulées dès le début du mois de ramadhan, mais toujours en vain, pas d'argent», lance d'un ton hargneux Farid, titulaire dans l'enseignement secondaire depuis une vingtaine d'années. D'aucuns font vainement le tour des bâtisses jaunes réparties sur le territoire de la wilaya sans pour autant pouvoir retirer leur argent. Soulignons que même dans le cas où l'argent serait disponible dans l'un des bureaux, il n'est pas possible au détenteur d'un CCP de bénéficier de son salaire en entier. «On m'a dit que je ne pouvais retirer que le tiers de mon salaire sous prétexte que la somme disponible ne suffit pas à payer le maximum de clients», dira Mourad, un employé des assurances avant d'ironiser : «Ce que l'on craint, c'est d'être payé en sacs de semoule ou encore en quelques litres d'huile de table si cette crise dont on ne connaît pas les raisons perdure». Pour ce qui est des responsables, c'est toujours le même refrain qui se fait entendre pour tenter de calmer les esprits. «La situation va se normaliser dans les plus brefs délais», affirment-ils. Il s'avère toutefois que la scène des files d'attente formées depuis la première heure du jour jusqu'à la fermeture des bureaux de poste et les rixes éclatant d'un moment à l'autre ne portent à croire que difficilement aux promesses. Nombre de clients d'Algérie Poste ne peuvent tenir devant cet état de fait, aussi exhortent-ils à une intervention de haut niveau en vue de remédier à ce problème. Par ailleurs, le manque de liquidités a visiblement influé sur le bon déroulement de la rentrée scolaire. Une partie importante d'élèves s'est retrouvée contrainte de rejoindre les bancs de l'école avec le même look de l'Aïd et ce contrairement aux rendez-vous précédents où l'élégance caractérisait le premier jour de l'école. Quant aux frais de scolarisation, l'achat des livres et des articles scolaires est une autre paire de manches. Dans ces conditions, la plupart des parents n'ont trouvé d'issue pour gérer les besoins incessants de leurs enfants que de recourir une fois encore à l'endettement, ultime procédé pouvant leur permettre, comme ce fut le cas le jour de l'Aïd, d'être à l'abri du besoin.